Noël sur la frontière

Comme vous le savez, j'écris ces chapitres avec quelques semaines de retard. Laissez-moi donc vous raconter où j'ai passé mon Noël !

C'est le matin du 24 décembre que je quitte la super famille des L'Heureux-Boucher. À mon départ, on aperçoit un groupe de jeunes moines faisant le tour du village pour recevoir des dons de nourritures. C'est un spectacle commun au Laos, où leur dîme se fait en main propre.

Quant au Vietnam, son entrée se trouve à environ 65 km de route, mais j'ai deux murs de 1000 m à grimper avant d'arriver à cette vingt-cinquième frontière depuis le départ.

Un Laotien désespéré de me voir partir de son pays.

Un Laotien désespéré de me voir partir de son pays.

À chaque matin, les moines laotiens passent pour se faire donner de la nourriture.

À chaque matin, les moines laotiens passent pour se faire donner de la nourriture.

Dernière montée avant la frontière. J'aurai gagné mon étampe de pays !

Dernière montée avant la frontière. J'aurai gagné mon étampe de pays !

La dernière montée est tellement longue que je n'arrive au sommet que quelques minutes avant la tombée de la nuit. J'aperçois un autobus qui vient de sortir du Laos et qui se dirige à Diên Biên Phu, la première ville au Vietnam et distante d'une quarantaine de kilomètres.

Je passe ainsi les douanes et demande au conducteur de l'autobus combien il m'en coûterait pour embarquer avec eux jusqu'à la prochaine ville. Il me donne un prix ridiculement haut, plus que ce que le reste des passagers ont payé pour trois fois cette distance. Et il me regarde avec l'air de se dire que je n'ai pas d'autre option de toute façon, puisque je suis en vélo et qu'il va faire complètement noir dans quelques minutes.

C'est mal me connaître.

Je décide quand même que ce n'est pas sécuritaire de continuer à vélo à cette heure. Les 25 prochains kilomètres sont une immense descente suivant une falaise, et dans ces montagnes on n'y voit pas plus loin que son nez.

Je demande donc aux douaniers laotiens où je pourrais poser ma tente.

Mais juste là, n'importe où, y'a pas de problème !

De me répondre le douanier le moins stressé de l'histoire en pointant juste à côté du poste de douanes.

Comme je suis déjà sorti du Laos, mais pas encore entré au Vietnam qui est encore à quelques kilomètres, je passe donc cette soirée du 24 décembre 2016 légalement dans aucun pays, mais tout de même bien confortable dans ma tente.

Le soir du 24 décembre, à quelques mètres passé la frontière du Laos.

Le soir du 24 décembre, à quelques mètres passé la frontière du Laos.

Good morning, Vietnam

Au matin, ma présence ne dérange pas plus que la veille. On me salue pendant que je plie ma tente et reprends la route. C'est un matin comme un autre dans cette région bouddhiste où Noël n'est pas une tradition.

Quelques kilomètres plus loin, ma première vision du Vietnam est un grand écriteau où il est inscrit NO SMOKING. Un douanier se montre la face derrière, en partie caché derrière la fumée de sa cigarette...!

Joyeux Noël !