Jonathan B. Roy

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Dans les terres

Rouler en vélo au Vietnam, c'est essayer de trouver un équilibre entre les moments tranquilles et l'agressivité de la bruyante route. Mais en roulant en famille, cet équilibre se trouve plus facilement.

Dans la cacophonie de la route, les bouchons sont une précieuse solution.

C'est qu'on réalise que peu importe où on va aller, les klaxons seront toujours près de nos oreilles. J'ai mes écouteurs en tout temps car je trouve ça trop long de rouler sans écouter de podcasts. Mais ça ne me coupe pas beaucoup du bruit ambiant.

Mon père quant à lui opte pour la solution radicale que sont les bouchons oranges pour oreilles !

Et malheureusement, nous sommes obligés de suivre les routes principales car les routes secondaires finissent toujours par y revenir quand même. Aussi bien faire de plus longues distances pour s'en débarrasser.

Mon père s'adapte pourtant très rapidement à tout ceci. Il s'arrête déjà de lui-même pour m'attendre et me proposer de manger du pho sur le bord de la route. On n'a pas trop le choix sur le plat, c'est ça ou rien ! Comme dans la majorité des pays traversés, les options de nourriture en campagne se limitent en effet bien souvent à une seule option. Ça reste bon, c'est juste que c'est ce que tu manges trois fois par jour, à chaque jour.

Et oui, j'ai dit pour m'attendre. J'ai beau avoir roulé en malade pendant la dernière année, l'athlétique paternel est encore plus en forme que son fils aîné...!

Tam Coc

C'est ainsi qu'on arrive à Tam Coc, surnommé la baie d'Ha Long terrestre pour les touristes.

On profite un peu du calme de l'endroit en se promenant en bateau entre les montagnes.

En soirée, on met mon portable entre nous deux et on écoute un film. J'en oublie pour un instant le voyage, les klaxons, j'oublie qu'on est dans une chambre d'hôtel au Vietnam et que ça fait presque un an que je traverse seul des pays. Puis je me rappelle avec étonnement que je ne suis pas sur le divan familial à regarder « normalement » un film.

Après toutes ces nuits en tente, dans des dizaines d'hôtels, chez des inconnus, sous la pluie, la neige et le sable, je ne suis même plus certain en fait de savoir ce que c'est que la normalité.

Mais peut-être que peu importe où l'on est, la normalité c'est d'être bien en famille. Et c'est ce que je ressens présentement avec mon père.

Notre guide rame avec les pieds, Pops avec les mains, et moi en princesse avec ma caméra.

Mariage sur les hauteurs de Tam Coc.

Quand on se compare

On a beau trouver ça difficile de rouler dans le bruit et sous la pluie, quand on regarde les travailleurs partout sur le bord de la route, ce serait assez égoïste de continuer à se plaindre.

Les pieds dans la boue, le dos courbé, et le visage mouillé par la pluie, ils nous saluent pourtant tous avec le sourire sur notre passage. Faire pousser du riz n'est pas une mince besogne. La vie au Vietnam n'est pas une mince besogne.

L'éreintant travail nécessaire pour la culture du riz.

Les travailleurs du riz sont partout aux abords du chemin.