Trois jours sur le volcan Rinjani

Mon frère est venu me visiter durant mon séjour en Malaisie. Mais tant qu'à explorer ensemble, pourquoi ne pas aller grimper le deuxième plus haut volcan d'Indonésie !

Plus d'une année après avoir quitté à vélo mon frère Sacha à Istanbul, c'est sur l'île indonésienne de Lombok, voisine de Bali, qu'il me rejoint. À l'autre bout du monde pour lui, mais à seulement trois heures de vol pour moi qui est alors basé à Kuala Lumpur.

L'Indonésie n'est d'ailleurs qu'îles. Plus de 13 000, dont 900 sont habitées. Sur ces milliers d'îles, on estime à plus de 150 le nombre de volcans actifs, le tiers de tous les volcans actifs du monde. C'est pour faire changement de l'exploration à vélo que nous avons choisi de grimper le Rinjani, qui culmine à 3726 mètres d'altitude. Une petite expédition de trois jours.

Mais comme Sacha est avec moi pour presque deux semaines, nous avons le temps d'explorer un peu l'île en commençant par se mettre en jambes sur le sentier qui nous amène aux chutes Tiu Kelep.

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Sacha devant les chutes Tiu Kelep, sur l'île de Lombok.

Sacha devant les chutes Tiu Kelep, sur l'île de Lombok.

Une nuit sur le cratère

Le Rinjani est un « volcan typique ». De forme conique avec un cratère au centre. Nous nous joignons sur place à un groupe varié et débutons notre première journée en grimpant jusqu'au rebord du cratère. Après une longue journée pour moi, et plus facile pour mon athlétique frérot, nous campons sur le rebord du cratère. Le paysage me redonne des forces et je prends quelques photos pendant que Sacha va ronfler avant même notre souper.

Vue sur le cratère au premier soir.

Vue sur le cratère au premier soir.

Je contemple les dernières lueurs alors que mon frère ronfle déjà.

Je contemple les dernières lueurs alors que mon frère ronfle déjà.

Plusieurs touristes grimpeurs s'installent chaque jour le long du cratère.

Plusieurs touristes grimpeurs s'installent chaque jour le long du cratère.

Le sommet

Levés au milieu de la nuit, Sacha et moi commençons notre deuxième journée en direction du sommet. Un autre mille mètres plus haut.

L'ascension demande de l'énergie, surtout lorsque le sol mou commence à se dérober tellement qu'il nous oblige à grimper à quatre pattes. À chaque deux pas, les roches nous entraînent avec elles d'un pas vers le bas. C'est encore plus difficile que ma montée du mont Fuji au Japon, quelques semaines auparavant.

L'altitude qui s'élève rapidement nous prive de l'oxygène nécessaire. Les nombreux grimpeurs qui se suivent en file indienne dans la noirceur, le long de l'étroite route menant au sommet me font penser à des prospecteurs d'or le lon du col Chilkoot, au Yukon. Celui-là même que l'on peut voir au début du vieux film Croc-Blanc.

J'atteins enfin le frigorifiant sommet, quelques secondes seulement avant le lever du soleil. Mon frère y est déjà, et vient de terminer d'installer mon trépied pour m'aider. Un véritable assistant hors-pair !

« C'est lui le meilleur. », au sommet à 3726 mètres d'altitude.

« C'est lui le meilleur. », au sommet à 3726 mètres d'altitude.

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La descente (et la remontée)

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Nous redescendons le sommet par le même chemin, mais environ dix fois plus rapidement. Puis après avoir ramassé notre campement, nous descendons dans le cratère... pour le remonter de l'autre côté. Et encore nous remettre à le redescendre cette fois de l'autre côté de la montagne !

Sacha est toujours aussi en forme et fait maintenant la course avec notre guide et un jeune Slovène dans notre petit groupe. Ce trio nous attend ensuite pour mieux repartir dès qu'ils nous voient. La journée, qui a commencé à 2h du matin, se termine vers 20h!

Nous campons cette fois dans la forêt, en compagnie des singes. La dernière journée sera la plus facile, se terminant en seulement quelques heures de descente sur nos jambes fatiguées, avec un retour au point de départ.

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Les (presque) infatigables porteurs, en sandales.

Les (presque) infatigables porteurs, en sandales.

Du fumage et des déchets

Les sentiers ici sont difficiles, mais c'est loin d'être hors de portée. Différents forfaits sont offerts par beaucoup de compagnies sur place, pour répondre aux différents niveaux de forme physique et de confort voulu. Selon ce que l'on débourse, le groupe sera d'environ deux à dix personnes. Dans tous les cas, un ou des guides nous accompagnent, ainsi que des porteurs/cuisiniers pour transporter le luxe choisi en terme d'hébergement et de nourriture. Certains couples semblaient presque mieux manger aux côtés du cratères que dans un restaurant parisien !

Accompagné de ces impressionnants porteurs, il est par ailleurs assez difficile de se penser bon en grimpant. Ces derniers et les guides nous dépassent en sandales, en s'enfilant des cigarettes une après l'autre. Et ils ne sont pas l'exception au pays. Soixante-trois pourcent des hommes fument en Indonésie ! Un des plus haut taux au monde. Comme quoi les cigarettiers trouvent toujours de nouveaux marchés pour continuer à faire affaires.

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La montagne est aussi relativement populaire. Plusieurs douzaines de touristes, et encore plus d'accompagnateurs la montent à chaque jour. Laissant derrière eux des bouteilles d'eau en plastique, des emballages de barres énergétiques, des guirlandes de papier de toilette, des restants de nourriture... et bien des mégots de cigarettes. Le long des sentiers, le regard se pose tristement sur cette nature saccagée par manque de respect. Seule une ou deux agences, dont Green Rinjani (que je n'ai pas prise, ne l'ayant vue qu'en cours d'escalade), demandent plus cher à leur clients. En échange, ils promettent que les guides supplémentaires prendront du temps pour brûler sur place leurs déchets, ainsi que d'autres détritus qu'ils trouveront en chemin.

Enfin, l'expérience était très agréable. Et surtout de pouvoir la partager avec mon cher frère que je ne vois plus assez.