Cyclotourisme en famille: La famille Marois

C’est une chose de partir à l’aventure seul ou en couple, c’en est une tout autre que de s’embarquer en cyclotourisme accompagné d’enfants. J’ai parlé à quatre familles qui démontrent pourtant qu’avec un peu de préparation et d’adaptation, le vélo demeure la plus belle des façons de voyager et de grandir.

Voici la première de quatre belles histoires.

Cet article a d’abord paru dans l’excellent magazine Vélo Mag, édition mai-juin 2021.


LA FAMILLE MAROIS À VÉLO

Ralentir son rythme à six

Kassandra, Sébastien et leurs quatre enfants âgés de 10 à 15 ans n’avaient aucun voyage derrière le guidon lorsqu’ils ont décidé de se lancer dans une bourlingue de près de 9000 km en Amérique du Nord. «L’objectif, explique Kassandra, était de ralentir notre rythme de vie: nos deux emplois à temps plein et chaque enfant impliqué dans des activités et des sports différents... Je cherchais un voyage à accomplir en famille avant que notre aînée ne soit trop âgée. » C’est dans le but de limiter les dommages environnementaux que le déplacement à vélo est choisi. La décision se prend en mars 2019, et tout se précipite : l’élaboration de l’itinéraire et l’achat d’équipement, les démissions et le contact avec Opération Enfant Soleil, organisme pour lequel seront recueillis des fonds.

Sébastien, Zack, Jérémy, Mary-Ann, Julianne et Kassandra à San Francisco.

Sébastien, Zack, Jérémy, Mary-Ann, Julianne et Kassandra à San Francisco.

Le grand départ se fait de Granby le 1er juillet de la même année. Première étape : la traversée du Canada, « afin que les enfants connaissent mieux leur pays ». La famille se fait des jambes en poussant contre le vent d’une province à l’autre. «La sécurité des enfants était ce qui comptait le plus», se souvient Kassandra. Ainsi, de façon à éviter les longues distances isolées du nord de l’Ontario, ils prennent un taxi, puis louent un camion pour passer le froid et la neige des Rocheuses.

Les Casavant-Marois descendent ensuite la côte ouest américaine, fréquemment hébergés grâce à la plateforme Warmshowers. «Même si nous étions six, les gens étaient très accueillants. Nous avons fait tellement de rencontres enrichissantes! Tous étaient curieux d’entendre les enfants raconter leurs versions.» Hics imprévus: la circulation est dense et le soleil bas dans le ciel. «Nous avions une idée préconçue de plages, de sable chaud et de chaleur sur la côte, rigole la maman. Or, c’était vraiment froid en cette période de l’année ! »

Le groupe continue malgré tout jusqu’au Mexique, où il passera quelques nuits au beau milieu du désert. Souvent, il s’y fera aussi accueillir. «Ce pays a été notre coup de coeur même si, au début, nous avions un peu peur, poursuit Kassandra. Ce peuple est tellement chaleureux, généreux, aux valeurs familiales bien ancrées. Nous nous y sommes toujours sentis chez nous, et jamais en danger. Nous avons même passé le temps des fêtes sur place, auprès de familles exceptionnelles. »

Bien sûr, un voyage avec quatre enfants est différent de partir à deux. Cependant, ce n’était pas une course, et le rythme de chacun a été respecté. « Nous avons eu des moments de découragement, des embûches, des jours de pluie, des crevaisons... heureusement jamais tout en même temps. Les uns remontaient le moral des autres.» Kassandra me confie s’être adaptée en chemin pour suivre les programmes scolaires. Trimballer les manuels des quatre élèves n’étant pas possible, ceux-ci ont notamment eu comme tâche de rédiger des textes sur leurs tribulations. Les frères et soeurs rêvent maintenant d’écrire ensemble un livre pour enfants. Pandémie mondiale oblige, les Casavant-Marois reviennent au pays à la mi-mars 2020, huit mois et demi après leur départ, deux mois plus tôt que prévu... la tête pleine de souvenirs, de nouvelles amitiés à leur actif et 6600$ à verser au téléthon Opération Enfant Soleil. « Ce temps à vélo nous a permis de voir le beau et la bonté de l’humanité, s’enflamme Kassandra, de passer de récepteurs de mauvaises nouvelles à colporteurs de courage et d’espoir. Nous sommes extrêmement heureux d’avoir pu participer à cette chaîne humaine de rencontres extraordinaires. » Ce n’est que partie remise, puisque la famille se promet de retourner au Mexique pour que perdure l’émerveillement.

On les trouve ici sur Facebook.

Conseil de Kassandra Casavant

Nous y sommes allés un coup de pédale à la fois. C'est toute une adaptation au début. On doit se laisser le temps et rester flexible aux changements d'itinéraires et de plans en fonction de la route, de la température et des rencontres.

La famille : Kassandra, Mary-Ann, Julianne, Jérémy, Zack et Sébastien, à Baja California.

La famille : Kassandra, Mary-Ann, Julianne, Jérémy, Zack et Sébastien, à Baja California.