Une orangeade au Laos
En roulant dans le sud du Laos, je croise des insectes, trop de déchets, et de gentils moines jardiniers !
Après Vientiane, la capitale plus au nord, Savannahkhet est la deuxième plus grosse ville du Laos. Mais avec seulement 124 000 habitants, elle demeure très accessible et agréable. Il faut dire que dans ce pays d'Asie du sud-est, les deux tiers de la population habitent toujours en campagne.
Et ça paraît, alors que le nord est tapissé de montagnes, le sud consiste surtout en des champs parsemés d'arbres, et de maisons après maisons suivant les quelques routes principales.
Dépassant quotidiennement toutes ces habitations sans eau courante, je ne peux faire autrement que de me sentir coupable de rechercher avidement l'air climatisé à mon arrivée en ville...
Mais sur la route, dans ma tente, la chaleur est écrasante. Je sue vingt-quatre heures par jour dans cette humidité. L'eau dans mes bouteilles est chaude comme de la soupe. Et j'en viens même à penser qu'au moins le désert kazakh me laissait un répit la nuit.
Je me laisse ainsi à l'occasion tenter par des « hôtels ». Et les guillemets sont importants ici ! Réellement, je ne paye que pour prendre une douche car ma tente est plus confortable que la majorité de ces chambres. La douche en question n'est souvent qu'un boyau d'arrosage. Pourtant, l'absence d'eau chaude est plutôt bénéfique après une journée sous le soleil de plomb.
Par contre, chaque nuit dans ces chambres rurales est une surprise. Dans une des toilettes, je tue environ quatre ou cinq immenses coquerelles avec mon soulier de vélo en main. Dans une autre, j'entends des bruits provenant de l'intérieur de mon oreiller...
Un soir, je monte même ma tente directement sur le lit pour me protéger des moustiques. Il faut dire que l'utilisation d'une moustiquaire est plus que rare ici. Et j'aime encore mieux avoir chaud que de me faire piquer toute la nuit dans une région où on peut attraper la malaria et la fièvre dengue...
Les déchets... encore
Je ne m'habitue pas aux déchets qu'on voit partout en bordure des routes. Trop souvent, je vois des gens de tous âges jeter leurs bouteilles, canettes et papier dans les fossés. Je vois même un homme sortir de sa maison, et lancer ses déchets directement dans sa propre cour, comme si son terrain était un dépotoir à ciel ouvert...
Vie de moine
Il y a un gros temple dans Savannakhet. En passant devant, je vois des jeunes moines en train de balayer les feuilles à l'extérieur. Quelques jours plus tard sur la route, j'aperçois encore d'autres moines à l'extérieur d'un temple, aussi en train de balayer le terrain. Je crois qu'on n'entend pas assez parler de la grande place que le bouddhisme accorde au jardinage ! Mon bonhomme qui jetait ses ordures sur son terrain pourrait certainement en apprendre de ces communautés.
À mon approche, ce trio de jeunes religieux est très heureux de se laisser prendre en photo et de converser un peu. L'un d'eux me fait signe de l'attendre et il monte rapidement dans ce qui semble être une tour d'observation tout près. Il en revient les bras chargés de victuailles qu'il me donne : biscuits, pommes, et même une orangeade ! En les remerciant, je ne peux m'empêcher de sourire en comparant la couleur de leur boisson avec leur costume traditionnel.
Considérant que les moines ici vivent et se nourrissent eux-mêmes à partir d'offrandes, je sais que ce qui m'est offert leur a été donné par les villageois locaux. Le geste m'apparaît encore plus généreux et altruiste.
Puis je reprends la route vers d'autres rencontres et surprises dans ce bon monde.