Autour du monde avec un violon

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À Kuala Lumpur, mon appartement de la dernière année se trouve à quelques minutes à peine de la salle de l'Orchestre philharmonique malaisien, basé aux élégantes Tours Petronas. À seulement une trentaine de dollars canadiens le billet de concert, j'aurais été fou de m'en passer. Je suis donc allé découvrir le fascinant monde des orchestres classiques à quelques reprises.

C'est dans l'un de ces concerts de grande qualité que j'ai fait la connaissance de Barbora Kolářová. Cette violoniste internationale est facilement reconnaissable sur scène. Contrairement à bien des musiciens classiques qui semblent entièrement concentrés à leur partition, Barbora prenait un plaisir évident à jouer. J'ai eu le goût de poser quelques questions à cette souriante violoniste.


1- Pourrais-tu nous parler un peu sur toi, professionnellement et personnellement ?

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Je viens de la République Tchèque, où j’ai passé ma jeunesse jusqu’à la fin du secondaire. Je suis ensuite partie étudier au Curtis Institute of Music (Pennsylvanie) et à la Yale School of Music au Connecticut.

Durant mes études à Yale, j’ai commencé à voyager dans plusieurs pays pour me produire en concert, notamment avec l’Orchestre philharmonique tchèque. J’ai terminé mes neuf ans d’université aux États-Unis en 2015, et je suis constamment sur la route depuis. Je joue à l’occasion avec l’Orchestre philharmonique malaisien à Kuala Lumpur, en plus d’avoir des contrats comme soliste.

Plusieurs mois par année, je suis à bord du navire de croisière Holland America, au sein d’un quintette entièrement féminin. Nous jouons trois fois par jour en naviguant à travers le monde. C’est un emploi rêvé !

Avec tout ça, je ne vois cependant pas ma famille aussi souvent que j’aimerais, dont mes trois plus jeunes sœurs, qui sont elles aussi musiciennes et qui habitent toujours en République Tchèque. Mais voyager me permet de découvrir des cultures et de la nourriture de partout. J’essaie d’en apprendre toujours le plus possible sur les pays que j’ai la chance de visiter.

 

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2- Quand as-tu décidé que le violon serait ta carrière ?

À 4 ans !

Mes deux parents sont aussi musiciens ! Mon père joue le cor français et était souvent en tournée  autour du monde. J’étais donc souvent avec ma mère, qui est aussi violoniste, et qui jouait et pratiquait constamment. Dès l'âge de 4 ans, j’ai naturellement demandé au père Noël mon premier violon, que j’avais même dessiné sur la lettre.

Je me rappelle très bien la journée où je l’ai reçu. Quand je l’ai pris dans mes mains, j’ai su que j’en jouerais toute ma vie.

 

3- À quoi ressemble une journée – et une année – dans ta vie ?

Toutes mes journées sont différentes ! Je commence chaque matin en prenant des nouvelles de ma famille, et je pratique le plus d’heures possible par jour. Même quand je ne joue pas, je pense constamment à la musique et à de nouvelles façons de m'améliorer.

J’ai aussi souvent des concerts. Je me déplace pratiquement toutes les semaines, et souvent même chaque jour, pour jouer un peu partout. Si je suis dans un nouveau pays, je prends aussi généralement le temps d'explorer les environs.

Barbora, à gauche, à bord du Holland America.

Barbora, à gauche, à bord du Holland America.

4- Tu prends visiblement un grand plaisir à jouer sur scène. En musique et dans la vie, y a-t-il un secret au bonheur ?

Le monde de la musique, la classique en particulier, peut être très cruel et compétitif. Beaucoup de musiciens d'orchestre sont tellement stressés de jouer parfaitement qu’ils oublient d’apprécier la musique. En cherchant la perfection technique, on oublie aussi que l’on joue avant tout pour un public. Mais j’ai réalisé – après bien des années ! – que lorsque le musicien a du plaisir à jouer, ce plaisir est contagieux et la performance n’en est que meilleure.

En dehors de la musique, je m'efforce toujours de trouver de positif. Une journée ensoleillée, une tasse de café matinale, échanger un sourire avec un inconnu, admirer la nature, recevoir des nouvelles d'un ami. Chaque journée est remplie de ces petits moments simples. Il suffit de les trouver et de les apprécier.

 

5- Tu es aussi directrice générale et directrice artistique du Festival de musique de Lake George. Peux-tu nous en parler ?

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Le monde de la musique classique est bien particulier. Beaucoup de musiciens doivent ainsi payer de leur poche pour participer aux festivals. Ils reçoivent parfois des leçons en plus de performer devant public. Je rêvais d'un événement où tous les artistes pourraient apprendre les uns des autres d'égal à égal. Avec deux collègues, nous avons donc fondé notre propre festival il y a déjà 8 ans, à Lake George dans l'état de New-York (à seulement 250 km au sud de Montréal N.D.L.R.).

Il n'y a pas de division entre les musiciens étudiants et professeurs, et les groupes se mélangent dans des orchestres de chambre et dans un plus grand concert final. Nous avons assez d'intérêt de la part des musiciens pour faire des auditions annuelles. Et la réception de la communauté est excellente ! Je vous y invite !

 

* Les réponses originales de Barbora, que je remercie beaucoup, ont été éditées et traduites en français.

On peut voir Barbora interpréter quelques morceaux accompagnée d'un violoncelle et d'un piano ici. Il est aussi possible de la suivre sur Facebook ou Twitter.