Azerbaïdjan - le pays surprise

Les Géorgiens nous souhaitent bonne chance pour passer la frontière via une pancarte de route, Mathieu se fait questionner sur son visa et on doit passer plus de barrières et de soldats que pour entrer dans le parc Jurassique. Bienvenue en Azerbaïdjan !

Bonne chance !

Bonne chance !

Mathieu - qui m'accompagne pour deux semaines - et moi n'avions absolument aucune idée de ce à quoi nous attendre en Azerbaïdjan. Depuis les derniers mois, je passe littéralement plus de frontières que je ne fais de brassées de lavage. Je n'ai malheureusement donc pas le temps de rechercher d'avance autant d'information que j'aimerais sur chaque endroit visité. 

On entre dans le pays par le nord, ce qui s'avère beaucoup plus montagneux que la route du sud, mais beaucoup moins désertique pour la majeure partie du trajet. En fait, on suivra généralement le flanc des montagnes du Caucase, jusqu'à entrer dans une plaine plus désertique, avant de finalement arriver à Bakou, la capitale.

415 km de la frontière à Baku.

415 km de la frontière à Baku.

Le pays

Plusieurs barrières doivent être traversées pour passer la frontière. Les gardes sont cependant très gentils et curieux de notre équipement. Pendant que Mathieu doit expliquer que Delorme est son nom de famille et non son prénom, et qu'il y a donc erreur sur son visa, quelques gardes me prennent mon téléphone... pour pouvoir prendre des selfies avec moi ! Assez inusité pour des douaniers. Surtout dans un pays que beaucoup qualifient de dictature policière.

L'Azerbaïdjan, petit pays de 10 millions d'habitants, est coincé entre la Russie et l'Iran, et a comme voisine l'Arménie, que la majorité des habitants appellent l'ennemie. Il existe en effet encore des combats quasi quotidiens avec l'Arménie pour le contrôle de territoires à l'ouest.

La même famille est aussi au pouvoir depuis 1993, et il y a presque un culte à la nord-coréenne qui a été instauré autour de l'ancien président, père de l'actuel. On trouve même d'immenses photos de lui littéralement partout sur la route.

Les rencontres

Avec Rauf et Rafo, qui nous ont offert souper et déjeuner.

Avec Rauf et Rafo, qui nous ont offert souper et déjeuner.

Suivant ma rencontre en Géorgie avec la Française Solène, je décide de l'imiter et d'être plus proactif avec les gens dans ma recherche d'endroits où dormir. Ceci fonctionnera merveilleusement bien. Au fil de la route, nous dormirons notamment dans la cour d'un restaurateur qui nous offre des pêches, dans le champ d'un berger, dans la cour d'une maison et dans un étalage à melons.

Une rencontre particulièrement mémorable était avec les frères Rauf et Rafo. Je sais, leurs noms étaient mélangeant aussi pour nous.

À 15 et 17 ans, ils souhaitent devenir policier et ingénieur informatique. En passant devant chez eux, ils nous saluaient avec un grand sourire. J'arrête et leur demande si on peut profiter de leur herbe, luxe plutôt rare dans ce coin de pays. Non seulement on dort là, mais ils nous apportent à manger, à boire, puis du pop-corn, et un déjeuner le lendemain. Puis, après que je leur ai offert un drapeau du Canada, ils nous amènent à un petit verger où l'on peut cueillir des pommes, des prunes, des raisins, et d'autres fruits qu'on ne connaît pas mais qu'on apportera avec joie en route.

Les moutons du berger auquel nous

Les montagnes

On suivra la montagne pour la première moitié du trajet de ces quelque 415 km vers Baku. Des fois dans la plaine, des fois plus en hauteur.

Après une longue montée, on passe à Sheki, ancien royaume azéri. Plus loin, à Qabala, Ataflun, un sosie de George Clooney, nous invite à prendre le thé. Sous une température de plus de 45 degrés, on ne se fait pas prier longtemps. Après environ 14 tasses et une collation de fruits confits qui semblent être un don du ciel tellement c'est bon, on se dit qu'on devrait penser à repartir...

Tout au long du chemin, on reçoit ainsi des invitations de partout. Les gens klaxonnent aussi de bonheur de nous voir. Parfois même un peu trop fort et proche de nous. Néanmoins, je pense qu'ils sont les habitants les plus heureux que j'ai vu de mon voyage. Mathieu, moins habitué à ces démonstrations joviales, me fait bien rire :

« Se faire saluer comme ça, c'est comme se faire dire bonjour avec un coup de poing s'a gueule. »
- Mathieu Delorme

Mathieu.

Mathieu.

L'omniprésente et stylée Lada soviétique.

L'omniprésente et stylée Lada soviétique.

La chaleur

Durant tout notre temps en Azerbaïdjan, la température oscille entre 45 et 50 degrés Celsius dans la journée. Et comme je suis le plus mauvais pour me lever tôt le matin, on finit toujours par rouler tout l'après-midi (désolé Mathieu).

Pour cette raison, quand on passe un pont et qu'on voit dessous un rivière claire venant des montagnes, on n'hésite pas longtemps à aller se baigner (et se laver). Je crois honnêtement que c'était la plus belle baignade ma vie!

La rivière magique, et un baigneur azéri.

La rivière magique, et un baigneur azéri.

Le désert

Le dernier tiers du trajet nous amènera dans une longue vallée désertique. Et comme plusieurs habitants nous le mentionnent, il est impossible d'y camper à cause de la présence d'immenses serpents gros comme le bras, longs de quelques mètres, et qui peuvent apparemment nous tuer. Accueillant.

La grande roue perdue dans le désert.

La grande roue perdue dans le désert.

Pendant que je suis couché par terre pour prendre la photo du crâne, un vendeur de melons appelé Namik interpelle Mathieu.

- Ton chum fait quoi?
- Il prend des photos.
- Dis-lui donc qu'il fasse ça vite s'il veut pas mourir.
- JO !!!

Namik nous invite ensuite à dormir sous son étal en bordure de la route. Lui et plusieurs autres vendeurs passent la semaine là à vendre des melons dans le désert. Ils ont une chambre commune avec quelques lits et des bâches pour se protéger du vent.

Mon Mathieu, qui est devenu le grand chum de Namik, passe une partie de la soirée à jouer au backgammon avec lui. Et on se fait offrir plus de melons qu'on peut manger ou transporter avec nous. (C'est-à-dire deux. As-tu déjà essayé de transporter un melon en vélo, toi?)

Mathieu et Namik.

Mathieu et Namik.

Le pays surprise

Les gars de la voirie, qui couraient pour venir nous offrir de l'eau.

Les gars de la voirie, qui couraient pour venir nous offrir de l'eau.

En dépit de leur situation politique, les Azéris sont d'une gentillesse et d'une générosité sans borne. Tout au long de la route, nous avons rencontré des gens souriants de tous âges et métiers qui nous ont offert à manger, à boire, ou un endroit où dormir. Et comme nous n'avions aucune attente, il n'en faut pas plus pour qualifier l'Azerbaïdjan de pays surprise.

Il nous reste à découvrir la capitale, mais d'ores et déjà, le pays a mérité sa place dans mon palmarès des pays mémorables.