À la recherche des terrasses de riz
La route du nord du Vietnam est plissée, remplie d'animaux et d'enfants curieux. Je m'y promène entre les vallées, cherchant les fameuses montagnes remodelées pour la culture du riz.
Le plan est de me rendre à Hanoï pour y rencontrer mon papa André. Il vient me joindre pour un mois où nous roulerons ensemble jusqu'au milieu du Vietnam. Mais tant qu'à être dans le nord du pays, je décide de faire un petit détour pour voir les terrasses de riz en montagne.
Pour l'instant, je ne vois pas encore de riz, mais je tombe sur la chambre d'hôtel la plus drôle de mon voyage. Avec ses murs en stucco et ses cœurs en néon, c'est une vraie suite nuptiale des années 80. J'en profite seul, avec ma petite guitare désaccordée à 30$ que je traîne depuis mon passage en Thaïlande.
Probablement car j'ai encore en tête ma journée avec des éléphants au Laos, la suite de ma route me fait justement penser à la peau de ce pachyderme. Ce n'est jamais plat. Soit ça monte ou ça descend et je m'imagine être en train de rouler sur une trompe de ce géant !
Nos amis les animaux
D'ailleurs, les animaux sont partout sur mon chemin. C'est le cas depuis de très nombreux pays mais je le remarque encore plus ici dû à la diversité des animaux et à leur curiosité envers moi.
Cette connexion m'amène à réfléchir plus sur la relation que nous entretenons envers ceux qui nous servent le plus souvent de repas. Je suis à ces réflexions lorsque je traverse un village et qu'un groupe d'hommes est en train d'attacher une truie pour en faire de la saucisse. Les grands cris résonnent comme ceux d'un enfant en détresse.
Je ne peux m'empêcher d'imaginer que si l'on faisait jouer ce genre de vidéo à l'épicerie à côté du rayon des viandes, on deviendrait tous végétariens assez rapidement.
Un petit rafraichissement
Je me trompe de chemin un matin, et fais 8 km dans la mauvaise direction avant de me rendre compte de mon erreur. Voilà une bonne montée et de l'énergie perdue pour rien ! Je me retrouve ainsi bientôt à cours d'eau plus tard dans la journée. En m'arrêtant à un petit marché de village, j'aperçois une grande bouteille bleue comme celles que l'on met sur les distributrices d'eau. Comme deux petits verres sont à côté, je remplis directement ma bouteille d'eau.
Celle-ci presque pleine, la dame du dépanneur arrive en me faisant des grands signes d'arrêter. Elle me prend mon bidon des mains et me le fait sentir. Tous les voisins regardent en rigolant. Je viens de me verser presque un litre d'alcool fort... Elle a beau rincer ma bouteille, ça a quand même goûté le saké vietnamien pour une semaine !
Les curieux
En montagne, les terrains plats pour poser la tente sont plutôt rares. J'en trouve un à côté de ce qui semble être une maison vide.
Le lendemain matin, je réalise assez rapidement que ladite maison est plutôt une école, lorsque je me réveille entouré d'une quinzaine de jeunes !
Ceux-ci regardent et touchent à toutes mes choses pendant que je me prépare. Je les laisse faire tout en gardant un œil sur eux. J'en ramène quelques-uns à l'ordre de temps à autre, comme ces deux qui sont rendus dans ma tente à tester mon matelas !
Tout au long de cette route, j'ai fait de belles rencontres avec des gens de tous âges. J'ai l'impression que la géographie et l'isolement des montagnes créent de la générosité et éveillent la curiosité.
Les terrasses de riz
Alternant les vallées de palmiers aux sommets de conifères, j'arrive finalement dans la région de Mu Cang Chài. Le riz a déjà été cultivé à l'automne mais j'ai quand même la chance de voir comment les terrasses ont été créées à main d'homme, transformant complètement les montagnes. Ces escaliers géants et colorés sont magnifiques.
Chaque palier est fabriqué à l'aide de boue montée en mur, retenant toute l'eau nécessaire à faire pousser le riz. Cette technique permet d'utiliser tout le versant d'une montagne et de décupler la surface cultivable.
L'approche vers Hanoï
On me demande souvent si circuler dans les villes est dangereux en vélo. En fait, c'est surtout l'approche des grands centres qui est plus compliqué. À Hanoï notamment, les autoroutes se rencontrent toutes à quelques dizaines de kilomètres du centre-ville, et il n'y a pas d'accotement. Les camions passent rapidement près du vélo et la circulation est dense.
C'est donc pas mal moins agréable pour environ deux jours. Une fois entré en ville, c'est tout aussi occupé et bruyant, mais la circulation y est moins rapide. Et elle est surtout composée de petits scooters plutôt que de camions de marchandises.
Enfin, j'arrive une journée d'avance pour rencontrer mon père. Un autre rendez-vous réussi juste à temps ! Après quelques jours en ville, nous poursuivrons ensemble l'exploration de ce bruyant pays.