Dans l'eau chaude à Cat Ba

Sur l'île paradisiaque de Cat Ba, j'ai l'air d'un touriste. Mais pas vraiment pour les bonnes raisons !

Notre premier arrêt après Hanoï est l'île de Cat Ba, juste au sud de la baie d'Ha Long, un des sites les plus touristiques du Vietnam. Mon père et moi nous inscrivons à un tour en bateau pour le lendemain. Notre premier arrêt est à l'île des singes, où je suis tellement absorbé à prendre des photos que le bateau finit par partir sans moi. Pops prend la situation en main en leur disant que je ne suis pas revenu. Ça n'a pas l'air de trop les déranger.

Voyant le bateau qui part sans moi, j'arrive à la course, et de la jetée en roches, je saute sur un autre bateau, le traverse et saute à nouveau sur la bonne embarcation. Une heure après le début de la journée, je suis déjà considéré comme « le cas problème à bord » !

Vue du rocher de l'île des singes. La photo qui m'a mise en retard pour le départ du bateau !

Vue du rocher de l'île des singes. La photo qui m'a mise en retard pour le départ du bateau !

À quelques endroits dans la baie, on aperçoit des villages flottants. Les habitants se ravitaillent sur l'île principale, où les enfants vont aussi à l'école. La majorité d'entre eux vivottent de la pêche.

Village sur l'eau dans la baie de Cat Ba.

Village sur l'eau dans la baie de Cat Ba.

On s'arrête pour faire un peu de plongée, où je me coupe les deux pieds en même temps sur du corail. Le cas problème du bateau que je suis doit maintenant quêter des gros pansements à ses nouveaux amis. C'est peut-être parce que je suis en voyage depuis presque un an que j'ai l'air tellement touriste...!

Je me sens d'ailleurs davantage en vacances sur cette île où l'on passe quelques jours. Ça fait du bien de dormir plus d'un soir au même endroit !

Marcher sur la police

Photo de qualité prise par mon père de notre chambre d'hôtel.

Photo de qualité prise par mon père de notre chambre d'hôtel.

La veille de reprendre la route, j'avais lavé mon chandail de vélo et l'avais mis à sécher près de la fenêtre de notre chambre, au 8e étage.

Le vent s'est levé durant la nuit, et lorsque j'ouvre les yeux à 6h du matin, je ne vois plus mon chandail. La tête par la fenêtre, je l'aperçois finalement sur le toit de l'édifice voisin. Avec les drapeaux officiels et le type de construction incluant une cour intérieure, j'en conclus que ce doit être une école. J'analyse de haut la route possible, puis je pars avec ma lampe frontale pour récupérer ma perte.

Je passe une clôture, traverse l'édifice à la noirceur, fais le tour de la cour intérieure, trouve une échelle, puis une antenne de télévision à laquelle je grimpe. Les jambes tremblantes - je déteste les hauteurs - je monte successivement les trois étages à travers les fils électriques et j'atteins le toit en tuiles. De là, je rampe jusqu'au chandail fugueur.

C'est alors que je réalise les quelques hommes qui me regardent du plancher des vaches, sans doute attirés par le bruit de mes pas sur le toit. En redescendant, je leur explique que mon chandail est parti au vent et que je suis venu le chercher rapidement.

Mais ce n'est pas une école. C'est une station de police s'occupant des frontières. Au Vietnam communiste.

On m'amène au chef. De petite taille comme la plupart des Vietnamiens, début quarantaine, cheveux noirs peignés sur le côté et regard sévère, il me trace son nom dans la poussière de la table entre nous : Ngoc Nguyen.

- Tu sais que c'est une station de police ici?
- Euh ben oui, là c'est assez clair!
- C'est interdit d'être ici.
- Ça aussi j'avais commencé à le comprendre...

Je vais ensuite passer plus d'une heure à m'expliquer avec chef Nguyen. On me laisse seul à quelques reprises en laissant un garde à ma porte et un autre dans la même pièce que moi, impassible et assis sur un lit de camp, pour ne pas que je me sauve.

Puis, les policiers vont réveiller le gérant de mon hôtel, qui trouve que je suis pas mal le cas problème de son hôtel.

- Pourquoi tu ne nous as pas demandé d'aller chercher ton chandail ?
- Je ne voulais pas vous déranger pour mon erreur.
- C'est plus ou moins réussi...

Finalement, le gérant écrit et signe un papier indiquant qu'il se rend responsable de ma future conduite.

Nice to meet you, me dit le chef de police lorsque je quitte.

Je reviens à la chambre plus d'une heure après être parti pour cinq minutes. Me connaissant, mon père ne s'inquiétait pas trop.

- Où étais-tu ? Tu t'es fait d'autres amis en chemin ?
- Ouin, on peut dire ça...!