Le paradis coréen

Après l’enfer du cyclotourisme chinois, je roule avec allégresse en Corée du Sud. Presque au paradis !

Le billet que j’ai réussi à obtenir in extremis entre la Chine et la Corée du Sud est en classe affaires. Quatre lits dans la cabine au lieu de huit. Loin d’une classe affaires d’avion ! Mais j’aurais acheté n’importe quelle catégorie de billet. J’ai encore beaucoup de kilomètres à rouler pour arriver à temps à Osaka au Japon en même temps que mon ami Mathieu. Et j’ai tout simplement hâte au prochain pays.

La traversée est de 17 heures. Après le départ qui se fait en milieu de journée, je passe une partie de l’après-midi à errer sur le pont du navire. Le bateau est propre et brillant, les murs sont immaculés, et le plancher resplendit d’une nouvelle couche de peinture vert forêt ornée de brillantes lignes jaunes. Je m’étends directement sur le métal, à l’avant du bateau, à l’abri du vent et des centaines d’autres voyageurs chinois et coréens. Le doux soleil d’automne me suffit comme couverture. Le vent bruisse à mes oreilles alors que le bateau escalade doucement chaque vague, amenant à chaque montée de la coque quelques effluves salées.

Je ne connais encore rien de la Corée à venir. Mais ainsi couché sur le pont du bateau, je me sens déjà plus heureux. Le soleil est bon mais le fond de l’air se fait un peu frais. Il me vient à l’esprit que ça fait deux ans que je suis en Asie du Sud-Est et l’Est. Et que ça fait littéralement deux ans que je connais uniquement que l’été. Ça fait du bien de sentir le passage d’une saison.

On se croirait à bord du Titanic au milieu de la salle principale du traversier.

On se croirait à bord du Titanic au milieu de la salle principale du traversier.

Dans une cabine de la classe affaires, seulement 4 lits plutôt que 8 !

Dans une cabine de la classe affaires, seulement 4 lits plutôt que 8 !

De retour à ma cabine, je fais connaissance avec les trois ingénieurs coréens avec qui je partage la chambre. Ils sont allés quelques jours en Chine installer de la machinerie. Le plus jeune des trois parle un peu anglais et se fait le traducteur. Nous partageons un petit repas, et l’un d’entre eux me demande si je suis marié. « Non. » « Mais pourquoi ?, poursuit-il, You are so handsome ! »

Je pars à rire. On n’a pas encore touché terre que j’aime déjà la Corée.

Avec mes compagnons de cabine : M. Seo, M. Kim et M. Jon. Et moi, M. Jonathan !

Avec mes compagnons de cabine : M. Seo, M. Kim et M. Jon. Et moi, M. Jonathan !

Ma première vue de la péninsule coréenne : la ville d’Incheon au matin.

Ma première vue de la péninsule coréenne : la ville d’Incheon au matin.

Séoul

Après l’arrivée matinale au port d’Incheon, je roule rapidement la quarantaine de kilomètres qui me séparent de Séoul, la capitale. Grâce à mes amis de Shanghai, je suis reçu chez Valérie, la responsable du bureau du Québec à Séoul, et son copain Alex. Les deux sont adorables et uniques. Alex est même un comptable de 35 ans qui améliore son coréen en passant du temps au parc de skate local. Unique, disais-je !

Je visite la ville avec eux, avant de repartir dès le lendemain. Je n’ai cette fois malheureusement pas le loisir de m’installer ici comme à Shanghai !

Paysage urbain de Séoul.

Paysage urbain de Séoul.

Piste cyclable des 4 rivières

Le circuit des 4 rivières. Je ferai la route d’environ 600 km, du nord-ouest au sud-est du pays.

Le circuit des 4 rivières. Je ferai la route d’environ 600 km, du nord-ouest au sud-est du pays.

Je reprends la route les vêtements propres, le ventre plein, et quelques nouveaux amis au cœur. Puis je m’élance sur la fantastique piste cyclable des 4 rivières.

Longue de 633 km, la traversée officielle du pays suit effectivement 4 rivières différentes, du nord-ouest au sud-est. Après le vacarme chinois, j’ai l’impression de passer de l’enfer au paradis. Les très nombreux cyclistes coréens sont courtois, silencieux et gentils. La température qui oscille autour de 21 degrés est parfaite. Et on sent partout que le pays est développé : il n’y a pratiquement pas de cigarettes et les casques de vélo sont omniprésents. Les cyclistes sur la piste sont pratiquement tous locaux, sur des vélos de promenade munis d’un panier à l’avant, mais aussi bien souvent sur des montures de plusieurs milliers de dollars.

Le temps de le dire, je suis sorti de la métropole de Séoul, et en chemin le long du fleuve Han.

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Des girouettes aux couleurs du drapeau sud-coréen tourne en bordure du fleuve Han.

Des girouettes aux couleurs du drapeau sud-coréen tourne en bordure du fleuve Han.

Retour au camping

L’un de mes emplacements de camping, tout près d’un ruisseau.

L’un de mes emplacements de camping, tout près d’un ruisseau.

Le long de ces belles rivières, je reviens avec joie au camping que j’avais plutôt délaissé durant la saison (horriblement) chaude et humide des derniers mois.

Comme le soleil se couche aussi avant même 18h, camper signifie aussi arrêter plus tôt. Mais je compense en partant aussi plus tôt pour profiter de ces beaux paysages. Je me lave dans une toilette publique, puis dans des ruisseaux qui bordent mon chemin.

Ça peut sonner « sauvage » ainsi raconté, mais je suis franchement heureux de retrouver cette tranquillité en nature dans ma tente. Debout nu dans le ruisseau, à me laver, j'entends un soir des bruissements tout près. Ce sont deux faons qui me regardent quelques secondes avant de se sauver gracieusement dans les hautes herbes derrière eux. Je les vois s'éloigner, bondissant vers un ciel mauve teinté des des dernières lueurs du soleil.

Village agricole au pied des montagnes.

Village agricole au pied des montagnes.

Plus j’avance vers le centre du pays, et plus je monte en altitude. Entourés de montagnes de 1000 mètres, je serpente dans quelques vallées pour passer d’un fleuve à l’autre, avant de commencer à redescendre vers la mer sous les pouces levés des résidents locaux qui m’encouragent.

Chaque parcelle de terrain plat est utilisé pour l’agriculture. Il y a des laitues, du riz, et davantage de vergers que je ne peux compter. Il est possible que je me sois pris quelques pommes au passage…!

De grandes surfaces de champs de riz prêts à être récoltés.

De grandes surfaces de champs de riz prêts à être récoltés.

D’un fleuve et d’une montagne à l’autre le long de cette piste, j’ai presque l’impression de suivre une chasse aux trésors. Les noms des prochains villages sont indiqués, mais seulement en coréen. Heureusement, la piste est généralement peinte en rouge et assez facile à suivre. Et puis, comment ne pas se sentir privilégié sur ce long tapis rouge de 600 km !

Chaque espace plat est utilisé pour l’agriculture, et les cours d’eau sont présents dans tous les paysages.

Chaque espace plat est utilisé pour l’agriculture, et les cours d’eau sont présents dans tous les paysages.

Tout semble être près de la perfection. Jusqu’à ce qu’un typhon me tombe sur la tête. Mais ça, c’est une prochaine histoire !

Des dames profitent des dernières lueurs pour un dur labeur aux champs.

Des dames profitent des dernières lueurs pour un dur labeur aux champs.