Ces photos m’ont coûté 500$

Entre le Canada, le Maroc et l’Albanie, quelques photos de drone me coûtent au-delà de 500$…!

J'ai acheté un nouveau drone vers la fin de l'été dernier. Après quelques semaines d'attente pour le recevoir et plusieurs échanges courriels avec DHL, ceux-ci m’ont annoncé avoir perdu mon colis quelque part en transit. DJI, le fabricant, m'a remboursé et j'ai commandé à nouveau le même modèle, qui est lui finalement arrivé à destination.

Drones interdits au Maroc

Entretemps, j'ai réalisé que le Maroc, ma première destination dans ce projet Airbnb, interdit toute entrée de drone sur son territoire. J'ai trouvé plusieurs écrits de malheureux touristes qui expliquaient s'être fait confisquer à jamais l'objet à l'entrée ou à la sortie du pays. S’il est en théorie possible de laisser le drone en consigne à l'aéroport moyennant des frais, mes vols étaient déjà achetés et je ne partais pas du même aéroport qu’à l’arrivée. Je n'étais pas non plus si confiant de laisser mon drone pour plus d’un mois à l’aéroport.

Je regarde donc pour l’envoyer en Albanie, ma seconde destination. Mes hôtes du Airbnb où je logerai acceptent de le recevoir pour moi. Seul hic, c'est environ 2 000$ de livraison...

Je demande alors à mon ami Adam, propriétaire d'un magasin de musique, d'envoyer mon colis avec son compte corporatif. Le coût descend à 160$ et m'est beaucoup plus acceptable, bien qu’encore assez élevé.

« Est-ce que ça vaut vraiment la peine ? » me demande Adam.
- Oui, j'aime trop les photos des airs pour m'en passer un an.

Je déclare la pleine valeur du drone à DHL—1 600$ !—question de me faire rembourser s'il le perde une deuxième fois. Et je traîne mes batteries avec moi puisque j'ai heureusement réalisé à temps qu'on ne pouvait en envoyer par la poste sans une autorisation spéciale que je n’ai évidemment pas.

L’une de ces « photos à 500$ », du poste frontalier albanais de Përmet au sud du pays, juste avant l’entrée vers la Grèce.

Dorela et la douane

DHL Albanie (en la personne de Dorela) m'écrit une dizaine de jours plus tard pour m'annoncer que le colis est arrivé... et que je leur dois l'équivalent de 320$ en frais de douanes. C’est-à-dire la taxe de vente de 20% de ma valeur déclarée de 1 600$. Je me suis véritablement peinturé dans le coin.

« Il a été envoyé de moi à moi, et il n'est pas neuf ! » que je leur réponds probablement de six façons différentes tellement je n'y crois pas. En réalité, le drone est (pratiquement) neuf ; je l'ai à ce moment utilisé un total de une minute avant de partir du Canada pour voir s'il fonctionnait ! Mais Dorela est intraitable.

- Est-ce que je pourrai me faire rembourser en repartant ?
- Non.
- Pouvez-vous rediriger le colis ailleurs ?
- Non.
- Puis-je payer le montant en ligne ?
- Non, c'est à la banque à Tirana.

Je me trouve encore au Maroc et je réponds que je vais aller payer en arrivant.

Sur place deux semaines plus tard, je fais le tour de 4-5 banques, qui toutes me répondent ne pas savoir de quoi je parle. Dorela, que je questionne à quelques reprises, me répond à chaque fois que le paiement devrait fonctionner dans n'importe quelle banque. J'appelle directement à son bureau et tombe sur une autre personne que Dorela (ils sont 2 employées !). « Ah tu dois aller la banque São Paulo, ce sont eux qui ont le compte ! ». Je ne peux décider si Dorela se joue de moi ou si elle est complètement incompétente.

Montée en lacets après le réservoir Bovilla, au nord de Tirana.

La pire banque du pays

La banque São Paulo où l’on m’a référé a déjà fermé pour la journée à 14h30. J'y retourne le lendemain avant-midi... pour y attendre plus d’une heure et demie en ligne ! Je fulmine en passant cette attente à lire les commentaires sur Google Maps : « Pire établissement du pays ! De l’attente à n’importe quelle heure du jour ! Service exécrable ! Allez n'importe où sauf ici ! ».

Je m’assoie enfin devant quelqu'un qui sait comment prendre mon énorme paiement de douanes. Et la commis m'apprend que la transaction me coûtera un 10$ de frais supplémentaires. Ceci en plus des frais pour retirer de l’argent, seule façon de payer…

- Vous êtes une banque et vous n'êtes pas capable de prendre ma carte de crédit ?!
- Non, ça doit être en argent.
- Ça va me coûter encore un autre 10$ de frais locaux pour sortir ce montant du guichet, juste pour que vous le remettiez dedans juste après !
- Oui mais ça doit être en argent.

Les bains thermaux de Benja dans la municipalité de Përmet.

Oups, les taux ont changé

Encore furieux des frais qui s’accumulent sans arrêt, j’écris à Dorela pour lui dire que le paiement est enfin complété. Elle me répond une quinzaine de minutes plus tard que le taux de change mensuel a été recalculé quelques jours auparavant. « Je viens de le réaliser » dit-elle sans s’excuser. Vous l’aurez devinez, le changement n’est pas en ma faveur et je dois plus d’argent !

Je retourne donc le lendemain matin à la banque. J’arrive avant même l’ouverture et il y a déjà une file. À la même commis, je paie à nouveau les frais bancaires de 10$ pour les remercier de faire mon transfert douanier de 10$.

Tout juste à l’ouest de Leskovik, région de Korçë, dans le sud du pays.

La livraison finale

Pour la dernière fois, j’écris à Dorela avec la nouvelle preuve de mon paiement. Quelques heures plus tard, mon hôte Airbnb m’appelle pour me demander si je préfère me faire livrer le paquet à mon logement plutôt qu’à son bureau comme nous avions discuté. Comme dans énormément de pays, les transactions se font en parlant directement à une personne plutôt qu’en passant par un système commercial. Ayant accepté de changer l’endroit de livraison, le livreur de DHL m’appelle donc directement par l’application de messagerie Whatsapp pour convenir d’un nouveau point de rencontre. Les adresses étant loin d’être fiables et précises en Albanie, je lui suggère l’épicerie au bas de mon immeuble, et lui dis qu’il me reconnaîtra à mon manteau bleu.

Lorsqu’il arrive, j’ai peine à croire que la transaction se complétera enfin. Il me remet le drone, et moi l’équivalent de 22$. Apparemment, la livraison finale n’est pas non plus incluse dans le prix d’envoi. Comme le plus souvent en Albanie, il me remet une facture attestant l’échange.

Mon drone et de multiples factures totalisant plus de 500$ en main, je pouvais enfin partir photographier le pays.

La nouvelle mosquée Namazgjah de Tirana, payée par le gouvernement turc.

500$ plus tard, le drone enfin en mains !

P.-S. La tante de ma dulcinée nous a visités quelques semaines plus tard en Slovénie, le pays suivant. Avoir su avant que je rencontrerais tous ces problèmes, je lui aurais probablement juste laissé le drone qu’elle aurait pu m’amener à ce moment. Mais bon, avec le recul, les décisions sont toujours plus faciles !