La voile cycliste

Parfois en pédalant longtemps seul, on se met à avoir des idées. Et à se faire croire que ça va fonctionner.

Alors que je m'éreintais dans les déserts kazakh et ouzbek, j'avais le plus souvent un vent de face.

Puis, soit que la route tourna un peu, ou que le vent décida d'être plus clément, il s'est mis à être un peu plus de côté. Je me suis alors mis à imaginer qu'installer une voile sur mon vélo me ferait cruiser à 40 km/h sans même que j'aie à pédaler.

Premier essai - Le vent de côté

Premier essai, avec le (faible) vent de côté.

Premier essai, avec le (faible) vent de côté.

Tu vois, au Canada il y a quelques années, j'avais un petit voilier à une place. Est-ce que ça fait de moi un professionnel de l'asservissement des forces de la nature? Je pense que le lien est direct.

M'arrêtant sur le bord du chemin, je sors donc ma (beaucoup trop petite) serviette. Ne m'arrêtant pas devant le fait qu'elle soit aussi grande qu'un chamois pour laver son auto, je me mets en tête d'en attacher chaque extrémité sur mon vélo.

Je passe vingt minutes dans le gravier à regarder et à analyser les différents endroits où je serais en mesure de faire ces attaches et comment. Au final, je constate avec peine que le vent n'est définitivement pas assez fort pour me propulser. Ni même pour me faire bouger d'un poil en fait. Je remballe ma serviette.

Deuxième essai - Le vent de dos

Deuxième essai, avec un vent de dos, et ma serviette bien aimée.

Deuxième essai, avec un vent de dos, et ma serviette bien aimée.

Le deuxième essai se passe en Ouzbékistan. Assis à manger à une table sur le bord de la route et regardant les feuilles dans les arbres, je constate que le vent souffle cette fois dans mon dos. Ça me semble plus intéressant que lors de ma dernière tentative.

Je ressors ma serviette et change mes points d'attache.

Combien difficile est-ce que ça peut être d'installer une voile sur un vélo? Je possède mon niveau 2 de navigation à voile de la Royal Yachting Association d'Angleterre après tout.

Ça n'impressionne pas mon frère, que je tiens au courant de mes essais.

Ça marchera jamais, monsieur le diplômé.
- Sacha B. Roy

Il a raison, c'est un nouvel échec. Ma voile est encore bien trop petite. Une fois assis sur le vélo, juste derrière la voile, je bloque évidemment tout le vent...

Troisième et dernier essai - La grand-voile

Fort de ces connaissances, j'essaie une troisième fois, environ une semaine plus tard. Cette fois, les conditions sont parfaites : j'ai une route nouvellement construite pour moi seul, un bon vent de dos, et j'utiliserai ma toile protectrice de dessous de tente. M'en va vous montrer ce qu'il fait le diplômé.

Première constatation, ma toile de tente est pas mal grosse. Je dois la plier en deux. Ce n'est pas l'idéal. Surtout qu'elle traine même un peu à terre... Et j'ai encore le même problème du vent est bloqué par mon vélo et mon corps.

Cette fois, je vois une amélioration mais le risque d'accident si le vent change moindrement est trop important pour que je me risque. Nouvel échec.

Troisième et dernier essai. Le tout pour le tout avec une partie de ma tente.

Troisième et dernier essai. Le tout pour le tout avec une partie de ma tente.

Après ces différentes tentatives, je suis présentement à rêver d'utiliser mon trépied photo comme d'un mât à l'arrière de mon vélo. Je suis persuadé que cet essai sera le bon. Le diplômé de la Yachting Association n'a pas encore dit son dernier mot !