Trio automnal dans les Laurentides

L’automne est à nos portes et avec lui se multiplient les occasions d’escapades colorées le long de tranquilles routes champêtres. Je me suis offert, du sud ou nord, trois boucles dans les Laurentides.

Cet article a d’abord paru dans l’excellent magazine Vélo Mag, édition août 2021.


Oka

La virée du terroir (59 km)

Oka et pommes font bon ménage à l’automne.

Oka et pommes font bon ménage à l’automne.

C’est en consultant la carte vélo officielle de la région des Laurentides – livrée avec l’un de mes Vélo Mag – que m’est venue l’envie de mieux explorer cette contrée de douces collines. Et il n’y a pas meilleure saison que celle des pommes pour découvrir les environs d’Oka.

En quittant la berge où la rivière des Outaouais s’étale pour devenir le lac des Deux Montagnes, je commence par grimper le rang de L’Annonciation. La forêt enserre la route jusqu’à ne laisser qu’une vingtaine de centimètres d’accotement. L’espace s’élargira cependant à mesure que je passerai devant de coquettes vieilles demeures construites en pièce sur pièce, une écurie, quelques maraîchers biologiques et une pancarte indiquant «Vous êtes dans une municipalité agricole».

Les vergers sont partout et bondés. Certains des plus populaires demandent aux citadins de se stationner sur le chemin dans le but d’accueillir davantage de monde. En m’éloignant sous un ciel bleu vers le village de Saint-Benoît par le rang Sainte-Sophie puis la montée de la Côte-Rouge, j’ai toutefois accès à d’autres plantations plus quiètes. Entre les vergers de pommiers et même de poiriers s’alignent également des champs de citrouilles, de choux et d’immenses tournesols.

Après un rapide détour par le rang Saint-Vincent, histoire d’allonger légèrement le trajet, je traverse Saint-Benoît, hôte de plusieurs ravissantes résidences de briques. Je me contrains à ne pas ralentir mon pédalage devant le casse-croûte d’où émane le fumet de hot-dogs bien tentants.

À partir du bitume irréprochable du rang de La Fresnière, j’aperçois Intermiel, des cabanes à sucre, dont celle renommée du Pied de cochon, ainsi que la Maison Lavande. Je bifurque vers la montée McMartin en direction de Saint-Joseph-du-Lac où, en bon journaliste, j’achète une énorme brioche aux pommes encore chaude, avant de retrouver le lac des Deux Montagnes à Pointe-Calumet.

Le paysage passe brièvement du rural au Beach Club avant que j’embarque sur la piste cyclable La Vagabonde, qui me fait regagner Oka à travers son paisible parc national homonyme.

Itinéraire sur Google Maps.

20-09-19 - Champ de tournesols 2 (Oka)_1200px.jpg
20-09-19 - Jonathan devant maïs (Oka, Québec)_1200px.jpg

Mont-Tremblant

Le pont couvert (68 km)

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La région de Tremblant offre un éventail de possibilités pour tous, de l’imposante montagne aux chemins moins connus des historiques villages de Mont-Tremblant, Saint-Jovite et de quelques autres en direction du sud-ouest. C’est vers ces patelins que se dirige la Route des Belles-Histoires.

Ma douce et moi amorçons notre circuit au Parc du Voyageur, devant la piste cyclable du P’tit Train du Nord, et où le stationnement est gratuit. Par la route 327, je file d’abord sur 8 km vers le pont Prud’homme. C’est celui-ci – couvert – qui donne son nom à la boucle. En bois, long de 44 m, il a été construit sur la rivière du Diable en 1918, en à peine six semaines et au coût de 6000$ !

Malheureusement, l’ouvrage, ancien et un brin croche, est alors fermé à la circulation à ses deux extrémités. Même aux vélos ! Il en faudrait davantage pour nous arrêter, et nous passons nos vélos à bout de bras par-dessus le grillage. Nous reviendrons néanmoins par un autre chemin, qu’il est possible d’emprunter également à l’aller afin de se dispenser de cet accroc aux règles.

De l’autre côté, nous prenons notre temps sur le chemin du Tour-du-Carré, peut-être le segment de parcours le plus bucolique de la journée. Les fermettes bovines s’étendent sur de grands champs vallonneux, et les collines inondent le paysage de couleurs. Les vaches, curieuses, s’approchent doucement de la route pour nous regarder passer.

Gabrielle sur le chemin du Tour-du-Carré du côté de Brébeuf.

Gabrielle sur le chemin du Tour-du-Carré du côté de Brébeuf.

20-09-20 - Ferme ouest de pont Prudhomme (Brébeuf)_1200px.jpg
Le pont Prud’homme sur la rivière du Diable.

Le pont Prud’homme sur la rivière du Diable.

La charmante municipalité de Brébeuf est le paradis des fouineurs d’antiquités. Je retiens ma dulcinée d’acquérir une gigantesque jarre en verre, que j’estime peser dans les 40 kilos, et qui s’emporterait certainement mal dans mon porte-bidon !

Nous dépassons la ferme apicole Le Petit rucher du Nord, et le lisse accotement de la route 323 nous mène, dans une suite de descentes et de montées, à un petit parc juste avant Saint-Rémi-d’Amherst. Nous y pique-niquons sur de solides tables extérieures en rondins.

Nous avons ensuite le choix, pour nous rendre jusqu’à Huberdeau, d’enfiler la piste cyclable forestière du Corridor aérobique, en gravier, ou le chemin Rockway Valley. Nous montons les quelques côtes à pic de ce dernier, récompensés par autant de descentes.

20-09-20 - Gabrielle et vaches (chemin le Tour du Carré, Brébeuf)_1200px.jpg
20-09-20 - Gabrielle sur chemin Rockway-Valley (est d'Amherst)_1200px.jpg

Passé Huberdeau, nous virons à droite sur le chemin de la Rouge, du nom de la jolie et sinueuse rivière. Des tables à pique-nique sont installées ici aussi mais nous ne nous interrompons pas et continuons sur cette route qui comporte des sections si récentes qu’elles n’ont rien à envier au circuit Gilles-Villeneuve. De retour à Brébeuf, nous repérons le superbe banc de sable au milieu du cours d’eau, accessible par passerelle et formant la plage municipale. Le fond de l’air étant déjà frais, nous retraversons plutôt le pont enjambant la chute aux Bleuets et virons à gauche sur le chemin de Brébeuf (route 323) pour revenir vers Mont-Tremblant en évitant le pont présentement un peu trop couvert.

Itinéraire sur Google Maps.

Devant le lac Maskinongé, au sud de Mont-Tremblant.

Devant le lac Maskinongé, au sud de Mont-Tremblant.


Mont-Laurier

Les jumeaux de Ferme-Rouge (43 km)

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Bien davantage que simplement le point de départ ou d’arrivée du P’tit Train du Nord, Mont-Laurier et ses environs sont vallonnés et sertis de rivières, de lacs ainsi que de belles routes peu fréquentées.

En quelques minutes à peine, je me trouve à l’extérieur de la ville d’approximativement 15 000 habitants et entame une belle descente vers le sud sur le chemin Adolphe-Chapleau. En cet automne, les épis de maïs sont hauts et serrés en rang comme des soldats nord-coréens.

Tout juste à ma droite coule lentement la rivière du Lièvre. Dans les pacages se pointent des bovidés, épars près des boisés multicolores.

Comme dans les alentours de Mont-Tremblant, je circule sur la Route des Belles-Histoires. Celle-ci se déploie en fait sur plus de 284 km d’un bout à l’autre des Laurentides, et compte une soixantaine de points d’intérêt. L’une de ces histoires est celle de Jos Montferrand, célèbre bûcheron et draveur du XIXe siècle, ayant travaillé ici même au début des années 1830.

L’épopée Montferrand est relatée par écrit entre les deux splendides ponts couverts de la Ferme-Rouge. Ceux-ci, bâtis en 1903 et longs de 53 m et 79 mètres, franchissent la rivière de la Lièvre en se posant sur une île en plein centre. Je mange mon lunch à la halte dans l’ombre des muscles de la statue du légendaire Canadien français. 

Le chemin Adolphe-Chapleau, au sud de Mont-Laurier, est peu fréquenté.

Le chemin Adolphe-Chapleau, au sud de Mont-Laurier, est peu fréquenté.

Un des deux ponts couverts de Ferme-Route qui traversent le lac des Îles.

Un des deux ponts couverts de Ferme-Route qui traversent le lac des Îles.

Après cet arrêt aux ponts, je poursuis vers l’est sur le chemin de Ferme-Rouge en direction de Kiamika. Je laisse la rivière derrière et les boisés enveloppent la route de si près que j’y aperçois même plusieurs chevreuils gambader des deux côtés.

Le paysage de champs et de pâturages onduleux se fait plus ouvert sur le 6e rang en direction nord. Sur cet asphalte neuf, des fermiers me saluent, juchés sur leurs tracteurs alors que je remonte jusqu’à la jonction avec le P’tit Train du Nord, lui aussi bitumé.

Je m’arrête un instant admirer le vaste et serein lac des Écorces et en profite pour revêtir mon coupe-vent. En raison des grands arbres bordant la piste et du soleil qui déjà décline, les rayons lumineux se raréfient. Fidèle à mes habitudes, j’ai réussi à remplir une journée complète avec à peine une quarantaine de kilomètres de contemplation !

Itinéraire sur Google Maps.

C’est au tour des poneys de regarder passer les cyclistes à Kiamika.

C’est au tour des poneys de regarder passer les cyclistes à Kiamika.

Barrage électrique à Mont-Laurier.

Barrage électrique à Mont-Laurier.

Rivière de la Lièvre au sud de Mont-Laurier.

Rivière de la Lièvre au sud de Mont-Laurier.

Mes bonnes adresses

  • Sis juste à côté du P'tit Train du Nord et du lac Mercier, dans le vieux village de Mont-Tremblant, le magnifique Hôtel Mont-Tremblant date de 1902. Ses murs débordent de photos témoignant de cette époque où la localité n'abritait que quelques bâtiments de bois. La cuisine de son resto pub, Au coin, est aussi excellente.
  • Certains hôtels détiennent la certification Bienvenue cyclistes ! de Vélo Québec. Le Quality Inn de Mont-Laurier, notamment, peut compter sur une piscine intérieure et un populaire restaurant, de même qu'un minigolf à côté. Il est possible d'entrer son vélo dans la chambre.

Le Bon monde de la Route verte est une websérie en 10 épisodes, que j’ai produite pour Vélo Québec. Tous les épisodes sont disponibles gratuitement ici. Cet épisode, aussi dans les Laurentides, porte sur le P’tit Train du Nord, que je (re)fais avec mon père et mon frère, 20 ans après notre premier voyage à vélo.