Entre ciel et mer dans la mosquée Hassan II

Construite aux deux-tiers sur la mer, avec un plafond de 1 100 tonnes qui s’ouvre sur les cieux et un minaret de 210 mètres de haut, la mosquée Hassan II de Casablanca au Maroc est un incontournable de la ville et du pays.

Le roi Hassan II a régné pendant près de 40 ans sur le Maroc, de 1961 jusqu’à sa mort en 1999. Le projet pharaonique de sa mosquée éponyme a débuté en 1988 pour être complété en 1993. Le projet, estimé entre 400 et 700 millions USD (500 à 865 millions CAD), a été financé notamment via des contributions obligatoires de la part des quelque 30 millions de Marocains.

Le terrain d’une ancienne piscine municipale a été agrandi jusqu’à 9 hectares pour s’avancer dans l’Atlantique. L’emplacement visible des kilomètres à la ronde se voulait un rappel du récit de la création du monde selon le Coran, où l’on indique que le trône d’Allah « était sur l’eau ». L’architecture a aussi été conçue de façon à faire le lien entre le ciel, la mer et la terre.

Un édifice religieux presque unique

La mosquée est l’une des plus vastes du monde. On estime que seule celle d’Alger la dépasse depuis 2019 sur le continent africain. C’est aussi l’une des rares à être accessibles aux visiteurs non musulmans, hommes comme femmes.

Son immense minaret – la tour de la mosquée servant à faire l’appel à la prière – s’élève à 210 mètres dans les airs, l’équivalent de 60 étages. À cette hauteur, un faisceau laser éclaire jusqu’à 30 km en direction de La Mecque, afin d’indiquer à toute la ville vers où se tourner pour la prière. On estime que 25 000 personnes peuvent prendre place à l’intérieur de la salle de prière (qui fait 2 hectares!), alors que la cour extérieur accueillerait plus de 80 000 fidèles.

La construction a nécessité 300 000 m3 de béton, armé de 40 000 tonnes d’acier, et moulé à l’aide de 840 000 m2 de coffrage.

Tous les magnifiques matériaux utilisés proviennent du Maroc, à l’exception du marbre blanc de Murano en Italie, utilisé pour une cinquantaine de chandeliers (dont certains font 10 mètres et 1 200 kg !) et quelques colonnes.

Les yeux au plafond

La mosquée est accessibles aux musulmans pour la prière. Pour les autres, quelques visites guidées sont offertes à tous les jours pour l’équivalent d’environ 20 CAD, et en plusieurs langues. Ce prix inclut un petit montant permettant d’aller voir un petit musée près de l’entrée où l’on trouve des exemples d’architecture marocaine.

Ce sont les saisissants plafonds en bois sculptés qui m’ont le plus impressionné. Pas moins de 53 000 m² des lieux seraient recouverts de ces géométries et enchevêtrements complexes de cèdre et d’autres d’essence. Cette tradition de bois sculpté et peint remonte jusqu’au 9e siècle.

En plus des incroyables motifs des plafonds, d’immenses pans de murs de béton sont couverts de motifs de céramiques bleu pâle, ivoire, jaunes et orangées, issus de l'artisanat traditionnel marocain.

Les motifs sont aussi utilisés dans la céramique des murs.

L’intérieur

À l’intérieur, la salle de prière est tellement vaste qu’il est difficile d’en prendre pleine conscience. Le sol est chauffé à l’aide de 75 km de câbles. Et l’absence de bancs comme dans une église fait paraître l’endroit encore plus immense. L’édifice est d’ailleurs plus long que large, ce qui rappelle plutôt la forme d’une église que celle d’une mosquée traditionnelle.

Au coeur de cette immense salle, notre guide nous fait remarquer la présence de 32 enceintes acoustiques, dissimulées dans la décoration des colonnes. Le plus grand émerveillement ne vient pas de la présence d’un plancher de verre permettant de voir l’océan sous ses pieds, qui est une légende souvent véhiculée même dans certains guides touristiques.

Non, le clou du spectacle pour quiconque connaît l’histoire du Stade olympique de Montréal est plutôt un massif toit de 1 100 tonnes, perché à plus de 60 mètres de haut et que l’on peut ouvrir en à peine 5 minutes !

L’objectif de cet impressionnant système est de faire circuler l’air en plus d’offrir un regard vertical sur le ciel azur de Casablanca.

De magnifiques petits fossés font circuler de l’eau lors des prières.

Un immense toit de 1100 tonnes s’ouvre sur le ciel en 5 minutes.

Plus bas dans la mosquée, sous la salle de prière, on trouve 41 énormes fontaines servant aux ablutions des fidèles avant la prière. Dans cette salle, les murs sont recouverts d’un semblant de stucco qui absorbe l’eau, ce qui prévient l’oxydation du cuivre et les moisissures de s’installer. Enfin, il y a également un hammam (bain turc public), ouvert au public et accessible depuis la cour.

Plus de 900 projecteurs illuminent la mosquée le soir venu.

Les immeubles devant et autour de la mosquée ont une belle vue malgré leurs façades le plus souvent décrépites.

En savoir plus: le site web de la mosquée Hassan II, notamment en français, offre une panoplie d’information sur les visites, les défis techniques et des chiffres sur la construction du bâtiment.