Nicosie : la capitale divisée de Chypre

Nicosie est, un peu à l’image de Berlin jadis, coupée en deux par un long mur qui traverse toute l’île méditerranéenne. Si le gouvernement chypriote revendique tout le territoire, le tiers nord-est du pays est depuis 1974 sous contrôle de l’autoproclamée République turque de Chypre du Nord.

Cet article a d’abord paru dans l’excellent magazine Vélo Mag, édition juin 2022.

L’église Faneroumeni dans la partie grecque de la capitale.


Le drapeau de la République de Chypre, avec l’entièreté du contour de l’île.

La position stratégique de la magnifique île est convoitée par tous depuis l’Antiquité. Des Égyptiens aux Perses, des Romains aux Français, des Vénitiens aux Ottomans, tous ont voulu se délecter d’un smoothie sur les superbes plages chypriotes. Au moment où l’État insulaire acquiert son indépendance des Britanniques en 1960, sa population parle en bonne majorité le grec.

Mais un coup d’État fomenté par le gouvernement de la Grèce pour annexer Chypre donne une raison à la Turquie de venir protéger la population de culture turque de l’île, soit près de 20 % des habitants. Un nouveau pays est proclamé au nord, mais n’est encore aujourd’hui reconnu que par la Turquie.

Des immeubles plus blancs se démarquent au nord de la « ligne verte ». On aperçoit également le drapeau de la République turque de Chypre du Nord sur les montagnes au loin.

Ce territoire est séparé du reste de Chypre non par une frontière, mais la ligne verte, contrôlé par les casques bleus des Nations Unies. Cette fausse vraie frontière de 180 km est large de quelques kilomètres en campagne mais d’à peine quelques mètres au coeur de la capitale. Des réfugiés habitent les immeubles abandonnés situés directement sur la frontière.

La ligne verte qui sépare le pays en entier est contrôlée par les casques bleus des Nations unies.

Un message clair… depuis 1974.

Longue de 180 km, la ligne verte qui coupe le pays est large de quelques kilomètres en campagne, et d’à peine quelques mètres à Nicosie. Des réfugiés, d’Afrique ou du Moyen-Orient, habitent ces immeubles abandonnés.

Deux vélos en libre-service

Dans la partie grécophone de la capitale, les vélos en libre-service sont ceux de Nextbike, une société allemande. Au nord, dans la République turque de Chypre du Nord, Velespeed utilise les montures de PBSC, l’entreprise – originalement québécoise et acquise par la firme états-unienne de covoiturage Lyft en avril 2022 – créatrice des Bixi montréalais, implantée dans une quarantaine de villes.

Les vélos Nextbike, dans la partie sud de la capitale.

Les Velespeed dans la partie turque, au nord.

Comme touriste, on franchit la ligne verte somme toute assez facilement, avec son passeport en main sans qu’il ne reçoive d’étampe.

Est-ce à dire qu’on pourrait le faire avec un des vélos ? « Oui, en théorie, m’a-t-on répondu chez Velespeed. Mais sans station au sud, il faudra tout de même retourner son vélo au nord. »

Le photogénique Meres Bookshop, du côté grécophone.

La librairie Rüstem Kitabevi, au nord chez les Turcs.