Des sentiers cousus main à Mont-Tremblant

« J’ai donné ton nom pour aller essayer les nouvelles pistes double losange à Mont-Tremblant », m’écrit tout simplement mon rédacteur en chef. Je l’avoue, j’ai pris un peu peur en apprenant qu’il y aurait ces sauts, gaps et autres affleurements de roche…

Cet article a d’abord paru dans l’excellent magazine Vélo Mag, édition août 2021.


Le nom de Tremblant est depuis des décennies synonyme de ski alpin. Mais l’excellent travail de développement du réseau de vélo de montagne par la Ville de Mont-Tremblant est en train de modifier le tourisme dans la région. «L’été est maintenant aussi occupé que l’hiver!» témoigne Marie-Josée Labbé, la propriétaire de l’hôtel MontTremblant, situé au coeur du vieux village. On n’en cherche pas longtemps la raison : la moitié des automobiles arborent des supports à vélos. À juste titre: les montagnes sont quadrillées par pas moins de 70 km de sentiers entretenus par la Ville.

Maxime Dorais et Marc-André Gagné – respectivement directeur des communications et régisseur à la culture et aux loisirs – m’accueillent à bras ouverts sur leur immense terrain de jeu. La journée en sera véritablement une de découvertes puisque le duo nous a même déniché – à l’intention de ma dulcinée, qui a sauté sur l’occasion de m’accompagner, et de moi-même – deux fatbikes électriques en vue de mieux explorer les nombreux kilomètres de pistes de vélo de montagne. C’est la première fois que nous essaierons les pneus dodus couplés au pédalage assisté.

Gabrielle et moi, en compagnie de nos hôtes Marc-André et Maxime, sur le pont Jackrabbit.

Gabrielle et moi, en compagnie de nos hôtes Marc-André et Maxime, sur le pont Jackrabbit.

Montée rapide

Le moteur en mode Eco – la première des quatre fonctions –, nous abordons à pleine vitesse les tournants et les bosses de l’agréable et horizontale piste des Pins Est à partir du stationnement du bureau d’accueil touristique, situé sur la montée Ryan, jusqu’au secteur intermédiaire un peu plus au nord. En un rien de temps, nous avons déjà gravi le kilomètre de grimpette nous menant au sommet par les piste Les Pins Ouest et Deer Mountain. En entendant au loin nos hôtes s’essouffler sur leurs vélos sans assistance, nous nous rendons compte de tout l’effort réalisé par le moteur plutôt que par nos mollets. 

Il n’y a pas un type de vélo meilleur qu’un autre, plutôt diverses utilités. Et les bécanes électriques, jadis regardées de haut par les puristes, ont certainement leur place sur les sentiers comme sur la route. Le moteur agit tel un grand égalisateur, et j’ai vu des couples, des familles et des amis faire du vélo au même rythme malgré leur différence de VO₂max.

La Tremblante

Nos montures à simple suspension ne nous permettent pas de dévaler en trombe la nouvelle piste la Tremblante, la fameuse nouvelle double losange. Du moins, c’est la version que je tente sans succès de faire croire aux frères Billy et James Bezeau-Tremblay. Les deux casse-cous ont accepté de nous servir de modèles sur la dizaine d’obstacles décorant les 600 mètres de descente construit par l’entreprise MSS Bike Park basée à Saint-Sauveur.

Une descente de reconnaissance est normalement privilégiée, mais les frères escamotent cette étape, en considération que James a lui-même travaillé sur l’aménagement. Franchissant facilement et tout en douceur les multiples sauts, Billy, tout sourire, félicite son cadet pour le flow du sentier, prenant même le temps de faire un signe de victoire avec ses doigts en plein vol par-dessus un fossé. Les voir s’envoler sur l’aileron de requin (shark fin), le module phare de la Tremblante combinant saut et virage surélevé, est hautement poétique.

James à plein vitesse dans un virage en épingle.

James à plein vitesse dans un virage en épingle.

Billy Bezeau-Tremblay maîtrise parfaitement les sauts de la Tremblante.

Billy Bezeau-Tremblay maîtrise parfaitement les sauts de la Tremblante.

Le long de la rivière

Nous laissons les Bezeau-Tremblay remonter vers la côte à Cody et l’Envoye en bas, deux autres pistes pour experts partant du même endroit que la Tremblante. La Jazz, classée intermédiaire, est moins pentue et permet à presque tous de profiter de ce dénivelé.

De notre côté, mes trois comparses et moi continuons vers le nord pour une toute autre section du grand réseau. Nous enfilons quelques pistes vers le large pont de bois Jackrabbit, où convergent une bonne part des cyclistes et marcheurs qui s’arrêtent admirer les bruyantes eaux de la rivière du Diable. À l’ouest du pont sont aménagées plusieurs pistes de calibre intermédiaire : la Boneyard, la Cachée, la Sciotte. La Lynx séduit quant à elle par le fait qu’elle longe de près l’apaisante rivière.

Un travail d’artiste

En roulant, Maxime Dorais et Marc-André Gagné me parlent avec passion et fierté de leur réseau. Non sans raison. Non seulement celui-ci est-il extrêmement bien conçu et varié, mais il est gratuit. C’est l’organisme Vélo Mont-Tremblant qui chapeaute l’entretien et la création des pistes sur les terres de la ville. « En outre d’une demande grandissante, l’une des raisons de la création des pistes double losange, m’expliquent-t-ils, est que des cyclistes utilisaient déjà des « lignes pirates » sur le réseau. » En encadrant le développement, les sentiers sont plus sécuritaires et plus respectueux du terrain. L’eau est mieux drainée, les lignes sont plus roulantes et les obstacles naturels comme les rochers sont mis à profit.

Je remarque entre autres que la majorité des sentiers plus pentus se terminent en quelques courbes serrées avant de retrouver les pistes plus passantes – une efficace façon d’éviter les collisions. En fait, le méticuleux travail d’artiste est partout notable. Moult flèches d’orientation sont posées sur les arbres de façon à dissiper toute toute ambiguïté sur la direction à prendre, même à l’automne où les feuilles mortes s’amoncellent en un épais tapis au sol. On ne perd ici jamais de temps à regarder sa carte ou son téléphone pour savoir où tourner.

En une trop courte journée, nous n’avons fait que survoler tout le potentiel cyclable serpentant dans les forêts entre les lacs Tremblant, Ouimet et Mercier. Que ce soit à l’occasion d’une première expérience ou au profit d’experts de de l’enduro, Mont-Tremblant devient résolument synonyme de vélo de montagne.

Repères

Carte des sentiers, sorties des groupes, liste des boutiques de location de vélo : velomonttremblant.com.
La municipalité utilise également l'application Ondago, sur laquelle elle met régulièrement à jour son vaste réseau.

MES BONNES ADRESSES

Toutes situées sur le chemin du Village, à Mont-Tremblant.

  • L'Hôtel Mont-Tremblant et son charmant resto pub Au coin, sis au no 1900, vous invitent à rester plus d'une journée, histoire de profiter des lieux.
  • La sandwicherie café + bistro, au no 1918 en plein centre du village, offre d'exquis lunchs parfaits avant ou après une sortie.
  • La location de fatbikes électriques se fait chez Cykel, au no 1944.