La Chine : le pays le plus difficile

Le bruit, la chaleur, l’incompréhension la plus totale… Au moins les paysages sont beaux !

 La route devient plus calme à mesure que je m’éloigne de la côte et que je grimpe dans les montagnes. Les autos sont moins présentes, mais toutes celles qui passent continuent de klaxonner. Je ne me sortirai pas de ce bruit…

Les hôtels

Au sommet d’un col, complètement en sueur !

Au sommet d’un col, complètement en sueur !

Si ce n’était que le bruit ! J’ai chaud comme jamais. Je passe mes journées à alterner mes vêtements dans l’espoir de les sécher derrière mon vélo en roulant. Mais c’est peine perdue dans cette humidité de sauna. Le soir venu, je choisis ce que je peux trouver comme hôtel pour pouvoir profiter d’une douche et d’un air climatisé.

Mais simplement prendre une chambre s’avère aussi compliqué que le reste. Les hôtels sont généralement mal ou pas indiqués du tout sur mes cartes (les applications maps.me et Google Maps, pourtant assez efficaces partout ailleurs).

De plus, la Chine n’apparaît pas si ouverte aux étrangers à l’extérieur des grands centres. Les hôtels doivent m’enregistrer, et ils se font coller une amende salée s’ils font une erreur. Avec leur logiciel en chinois, et mon passeport en lettres latines qu’ils sont incapables de lire, la faute n’est jamais loin.

En pleine campagne, ça semble aller. Ils doivent se faire moins vérifier, et j’imagine qu’ils ne veulent pas perdre une occasion de louer une chambre. Mais dans les petites villes, je peux me faire refuser à 7 ou 8 hôtels avant d’en trouver un qui m’acceptera. Et ce même après que j’aie trouvé les informations exactes qu’ils ont besoin, les ai traduites en chinois, et leur offre sur une feuille.

Après de longues journées à suer et à grimper des flancs de montagnes, ma patience se fait régulièrement tester.

À Waitunxiang, je fais voler mon drone pour prendre une photo de la vallée lorsque j’aperçois avec surprise ces motifs dans les plantations plus bas.

À Waitunxiang, je fais voler mon drone pour prendre une photo de la vallée lorsque j’aperçois avec surprise ces motifs dans les plantations plus bas.

Communication plus que difficile

Quelques adorables enfants qui me suivaient partout un avant-midi.

Quelques adorables enfants qui me suivaient partout un avant-midi.

Je rencontre sur mon chemin quelques rares Chinois qui comprennent un peu l’anglais, ou avec qui je suis capable de communiquer à l’aide de Google Translate sur mon téléphone. Ceux-là n’en reviennent pas que je sois capable de traverser le pays sans parler un mot de mandarin (ou de tout autre dialecte chinois, la langue change à presque chaque région).

Mais sinon au quotidien, j’ai malheureusement peu d’échanges avec le peuple que je visite. Et les interactions que j’ai me rendent encore plus perplexes ! Comme lorsque je dis à un monsieur que je ne parle pas chinois. Je pointe mes oreilles et fais signe que je ne comprends pas en haussant les épaules et en secouant ma tête. Le monsieur me parle plus fort, comme si mon signe voulait dire que j’étais sourd.

Je reviens à la charge. Non, j’entends… mais je ne comprends pas. Cette fois, il semble avoir saisi. Il me fait signe d’attendre…. et revient avec une feuille de papier, sur laquelle il écrit en chinois.

Si je ne parle pas chinois, je ne peux certainement pas le lire !!

J’apprendrai cependant plus tard une possible raison pour l’homme de m’écrire en chinois. Les caractères sont généralement les mêmes pour toutes les langues chinoises. Mais ils ne se prononcent pas de la même façon si l’on parle en mandarin, en cantonais, en hakka, ou dans l’une des nombreuses autres langues chinoises.

« Au moins il me reste le langage des signes », que je me dis. Mais non.

En Chine, rien n’est évident ! Le signe de la main pour approcher ressemble à notre signe pour dire de déguerpir : lever le bras, abaisser le poignet et bouger les doigts de bas en haut. Je suis resté immobile et perplexe quelques fois avant de comprendre.

Et les signes pour les chiffres ? Différents aussi. J’achète quelques fruits et j’attends qu’on me donne le prix. La dame me fait un signe de X, puis un signe de téléphone (le pouce et le petit doigt relevés et les trois autres doigts repliés). Euh… Je figure que le X veut dire 10, mais le téléphone me laisse perplexe. Je lui tends un billet au hasard et attend ma monnaie. Le téléphone signifie 6 apparemment. Probablement le pouce pour 5 et on y ajoute un doigt.

Les vallées sont remplies de plantations.

Les vallées sont remplies de plantations.

Dont les fameuses rangées de thé.

Dont les fameuses rangées de thé.

 La fumée

Enfin, pour terminer cette séance de thérapie écrite, je dois vous parler de la fumée de cigarette. Tous les hommes fument en Chine. Tous. Et constamment. Moi qui n’ai jamais fumé de ma vie, je me fais offrir des cigarettes à répétition au quotidien. Et mes refus sont accueillis avec une totale incompréhension.

Dans l’un des hôtels où je m’essaie pour une chambre, les propriétaires avaient peur de faire une erreur. Ils sont donc allés chercher directement un policier local. Celui-ci entre dans le lobby et s’allume une cigarette. Me fumant au visage, il se met à me demander les mêmes questions auxquelles je réponds sur ma feuille que je lui ai remise. Il me passe ensuite à une dame au téléphone qui me posera une nouvelle fois les exactes mêmes questions. Pendant tout ce temps, mon policier a le temps de fumer quelques autres cigarettes dans ma face… et de les écraser directement sur le plancher de l’hôtel.

Et probablement parce que les hommes fument du soir au matin, ils crachent presque autant. Quasiment aussi communs que les klaxons automobiles sont les raclements de gorge suivis des crachats un peu partout, à l’extérieur comme à l’intérieur.

Les paysages sont certes beaux, mais avec toutes ces difficultés et ces défis, la Chine me prend vraiment toute mon énergie mentale et ma patience. Moralement, le pays est de loin mon plus difficile depuis mon départ.

La construction continue d’être omniprésente.

La construction continue d’être omniprésente.

Les nouvelles routes et ponts passant le plus souvent en plein milieu du paysage.

Les nouvelles routes et ponts passant le plus souvent en plein milieu du paysage.

 Les paysages

Terminons sur une meilleure note : les paysages !

Ma décision de traverser les montagnes a donné un résultat difficile pour les jambes mais fantastique pour les yeux.

En alternant les vallées aux sommets, les plantes sauvages et cultivées se mélangent des deux côtés de la route. Je croise des bosquets de thé sur de petites collines rondes. Puis des rizières en terrasses qui marient toute la palette du vert, du plus pâle au plus foncé. En grimpant, je passe des bambous aux conifères.

Le long de ces routes en zigzag, l'horizon est toujours une surprise. Je croise beaucoup de petits villages un peu perdus, à l’écart du développement rapide du pays. Comme protégés pour le moment par ces grandes falaises escarpées.

Le pays est peut-être difficile à traverser à vélo, mais il est aussi souvent franchement beau. Et c’est ce sur quoi je me concentre en enfonçant mes bouchons dans mes oreilles !

18-08-18---Paysage-Fozishan-National-Park-(Chine).jpg
18-08-18---Route-Fozishan-National-Park-(Chine).jpg