Pratique pré-départ

Il fut un temps pas si lointain où j’étais encore un employé de bureau, et très loin de devenir un globe-trottteur. Mais je rêvais nuit et jour à mon ambitieux projet d’épopée à venir. Pendant une année, j’ai tenté de me préparer le mieux possible à ce grand départ…

Quelques semaines avant le grand départ, avec un vélo et un visage tout propre. (crédit Denis Babin)

Quelques semaines avant le grand départ, avec un vélo et un visage tout propre. (crédit Denis Babin)

Avant de partir, j’avais prévu tester mon équipement dans le plus de conditions réalistes possibles. Et comme je savais que j’aurais à rouler dans les montagnes et la neige, aussi bien profiter du climat canadien pour me pratiquer.

À mon anniversaire à la mi-octobre, quelques mois avant mon départ, je pars donc de mon L’Orignal est-ontarien pour aller souper avec ma grand-mère à Saint-Sauveur dans les Laurentides. Une centaine de kilomètres et plusieurs belles montées. J’installe quelques-unes de mes nouvelles sacoches sur le vélo, que je charge avec des trucs plus ou moins nécessaires simplement pour ajouter du poids.

C’est plus froid que prévu, la température oscille entre 5 et 10 degrés. Après seulement une dizaine de kilomètres au compteur, j’ai déjà froid. Je porte mes nouveaux souliers de vélo qui sont beaucoup trop ouverts au vent, et mes doigts commencent déjà à s’engourdir dans mes petits gants. J’arrête sur l’accotement pour bouger les bras en grands cercles et sauter sur place .

Je dois ensuite répéter ce manège à tous les dix kilomètres. À Lachute, avec seulement 35 kilomètres de parcourus, je suis complètement frigorifié. J’entre dans le premier casse-croûte venu et y monopolise la toilette. Debout sur une patte, avec mes pieds nus en alternance sous le robinet du lavabo, je fais couler de l’eau chaude pour les réchauffer.

Une amie me texte au même moment. « Tu veux que je vienne te chercher ? ». Je lui réponds non merci… je dois apprendre à m’en sortir par moi-même.

Je reprends la route, alternant le pédalage et la marche, les pas aidant à réchauffer mes pieds sans trop me ralentir. J’arrive finalement à la noirceur chez ma grand-mère devenue inquiète. Transi et épuisé, je la rassure : j’ai des solutions en tête.

Deux mois plus tard, c’est Noël. Et il fait encore plus froid. Mon frère nous reçoit à souper à Mont-Tremblant. Par les routes de montagnes, c’est une autre centaine de kilomètres. Cette fois, je pars avec des nouveaux couvre-chaussures, deux paires de bas, un cache-cou et des mitaines de ski. Et bien sûr avec mes cadeaux dans les sacoches.

La première moitié se passe bien. Malgré le froid, il n’y a pas encore de neige sur la route… jusqu’à ce que la tempête commence.

Sans accotement pour un long bout, je dois rouler dans la roche pour me mettre à l’abri des charrues qui déblaient la chaussée. Je reçois de la slush par la tête, mes couvre-chaussures commencent à s’imbiber et j’ai à nouveau froid. Je me remets à marcher en poussant le vélo. Ayant refusé encore une fois un sauvetage automobile, j’arriverai à la noirceur, couvert de neige, mais un pas plus prêt pour mon aventure à venir.

 
Je pense avoir tout !

Je pense avoir tout !

Le vélo prêt à mettre en boite.

Le vélo prêt à mettre en boite.