Cyclotourisme en famille: Les «biclous lâchés lousses»

C’est une chose de partir à l’aventure seul ou en couple, c’en est une tout autre que de s’embarquer en cyclotourisme accompagné d’enfants. J’ai parlé à quatre familles qui démontrent pourtant qu’avec un peu de préparation et d’adaptation, le vélo demeure la plus belle des façons de voyager et de grandir.

Voici la troisième de quatre belles histoires.

Cet article a d’abord paru dans l’excellent magazine Vélo Mag, édition mai-juin 2021.


LES BICLOUS LÂCHÉS LOUSSES

L’art de s’adapter

Le premier voyage familial à vélo de Julie Veillette et de son conjoint, Val Florimond, a été un tour des îles de Boucherville à l’été 2015. Leurs filles n’avaient pas encore 3 et 5 ans, et leur système est pour le moins brinquebalant: de gros matelas de mousse étaient roulés et fixés aux côtés des vélos, l’une des gamines était perchée sur son siège d’enfant alors que l’autre pédalait (un peu) sur un demi-vélo accroché derrière celui de sa mère. Mais l’étincelle a été allumée.

Les deux années suivantes, les distances s’allongent au Québec, toujours en mode camping. Les bambines sont installées dans une remorque WeeHoo à double siège en tandem tracté par Val. Julie transporte les bagages de tous dans quatre sacoches.

En 2018, la famille fait le tour du lac St-Jean. Chacune des filles a son propre vélo, généralement couplé à un parent par un dispositif de remorquage FollowMe. Selon Julie, c’est cet âge de 7 ou 8 ans qui est le plus difficile pour les adultes. « Les enfants ne sont pas encore autonomes, mais sont pas mal lourds à tirer ! » admet-elle en riant.

2016 - Julie Veillette et système WeeHoo_1200px.jpg

Ces efforts n’empêchent cependant pas les parents de programmer, l’été suivant, une virée de trois semaines au Yukon. Les trajets quotidiens s’allongent, les pistes cyclables sont remplacées par des accotements, et des mesures pour ne pas attirer les ours doivent être prises. Tous s’adaptent, et les sœurs pédalent désormais seules 30 kilomètres par jour… en chantant !

L’été 2020 devait se passer sur la côte est des États-Unis mais aura plutôt eu lieu au Québec. Avec les années, la famille s’est habituée à s’adapter. « Avec les enfants qui grandissent et s’améliorent, tout est à repenser à chaque année. », raconte Julie. Au fil des photos qu’elle me partage, je vois l’équipement s’améliorer d’année en année. Même les parents passent de simples vélos hybrides d’entrée de gamme à des montures de cyclotourisme mieux conçues pour les longues distances et le transport de bagages.

2019 - Julie Veillette au Yukon 2_1200px.jpg

Julie et Val ont usé de quelques astuces dans l’objectif que les enfants vivent une belle expérience et veuillent recommencer: « Nous prévoyons des pauses pour jouer et nous fixons chaque jour un but auquel nos filles penseront toute la journée. Pour nous aider, nous leur confions des tâches de plus en plus importantes, comme le montage de la tente et la cuisine. »

Entre ces voyages, le reste de l’été est rempli de randonnées d’une journée qui servent à donner aux enfants confiance en leurs capacités. Et les parents développent au même rythme leur assurance et leur faculté d’adaptation selon la mère. « Si nous sommes nerveux, elles le sentent ! »

Après ces expériences répétées, personne n’a l’air si nerveux… Julie et Val planifient vendre leur maison et partir pour un périple de deux ans en direction de l’Amérique du Sud en compagnie de leurs filles de 8 et 10 ans.

Note de janvier 2022

La famille a depuis l'écriture de l'article original repris la route et a récemment bourlingué quelques mois aux États-Unis. Ils se dirigent maintenant vers la Grèce, et on peut les suivre sur leur blogue et surtout leur page Facebook.

Conseils de Julie Veillette

  • Chacune des enfants a droit à un petit kit de choses personnelles (comme les astronautes !), qu'elles doivent transporter elles-mêmes sur leur vélo. Nous avons également des cahiers de souvenirs où elles font le récit de leur journée ; c'est plus concret et direct que des photos numériques.
  • Nous planifions surtout nos fins de journée. Si le soir va bien, les filles se souviendront d'une belle journée même si tout le reste était difficile (pluie, mauvaise humeur, etc.).
19-07-10 - Maëlle, Julie, Émilie et Val (Yukon)_1200px.jpg