Conseils de camping sauvage

Vous êtes nombreux à m’envoyer des questions sur la préparation d’un long voyage à vélo, et notamment sur le fonctionnement du camping sauvage. Voici quelques conseils pour commencer à démystifier cette magnifique façon de voyager (et de dormir !).

J’étais moi-même très stressé au début de mon long périple à vélo. Je n’avais aucune idée de comment trouver un endroit sécuritaire, quoi chercher, où installer ma tente, comment demander la permission. Cette expérience s’est construite au fil des nombreuses nuit.

Pendant mes 40 000 km sur 3 continents, j’aurai campé environ la moitié des soirs. Et sur le lot, peut-être payé deux seules fois pour mon emplacement. Voici quelques conseils écrits, suivis d’une vidéo filmée en Géorgie qui comprend quelques autres anecdotes.

Caractéristiques d’un bon emplacement

  1. Plat et sec

    Du moins le plus possible ! Particulièrement en montagne, il peut être difficile de trouver un terrain parfaitement plat. Le plus important pour bien dormir est d’avoir la tête plus haute que les pieds. Avant de complètement monter ma tente, je m’installe au sol dans différentes directions pour voir ce qui sera le plus confortable. Ceci permet en même temps de m’assurer que je n’ai pas oublié de nettoyer certaines parties du terrain de roches ou de branches.

    La douceur d’un sol gazonné est assez rare dans la plupart du monde, il faut alors en profiter lorsque cela arrive !

  2. proche de l’eau

    En plus de faire de plus belles photos, un lac, une rivière ou un ruisseau permet de se rincer avant de dormir. Un délice après une journée à vélo. Si vous vous savonnez, privilégiez un modèle pour utilisation en nature, qui ne contaminera pas les plantes.

    L’eau permet également de rincer sa vaisselle et plats après le souper. Et si vous êtes assez loin de la civilisation (et des troupeaux d’animaux), vous pourrez même la boire directement sans filtration. Cette possibilité est même beaucoup plus répandue qu’on pourrait l’imaginer !

  3. un peu caché

    Près d’un endroit passant, ou si je suis trop fatigué pour débuter une conversation, j’essaie généralement de me cacher pour éviter les problèmes. Ces derniers étant que les habitants du coin appellent la police qui viendra alors voir ce qui se trame. Comme il ne se trame rien, les pires conséquences sont le plus souvent d’avoir à déménager d’endroit. Ce que personne n’a le goût de faire à la noirceur.

    Pour cette raison, je demande aussi fréquemment aux personnes dehors si je peux camper sur leur terrain. Moins le pays est développé, plus les locaux sont généreux dans leurs réponses. Il n’est pas rare que mes demandes soient suivies d’invitations à manger ou à dormir à l’intérieur. Même en pays plus riches, le simple fait de se présenter permettra de démontrer que sa présence n’est pas dangereuse pour les résidents avoisinants.

À quelques centaines de mètres d’une piste cyclable au sud de Strasbourg, en France.

Au sommet du mont Wuling, à Taïwan.

Trouver le parfait endroit

Comme avec tout, plus on le fait et plus cela devient facile. Maintenant, même en auto et sans besoin de camper j’ai instinctivement l’oeil ouvert pour les meilleurs emplacements. À vélo, je commence à regarder plus activement environ une heure avant la fin de la journée pour les caractéristiques mentionnées plus haut. Selon la région du monde, j’aime bien l’alternance entre une journée de camping sauvage et une autre en hôtel ou d’invitation. Ça me permet de mieux me nettoyer et de recharger tout mon électronique. Également d’apprécier le silence de la nature suivi du plaisir des différentes conversations.

Cette heure de recherche permet de voir à quoi ressemble le terrain. Je regarde la carte pour voir si une rivière s’éloigne de la route ou si elle se rapproche plus loin. Des lacets dans le chemin sont un signe que le terrain sera probablement plus incliné. Au milieu du désert, j’essaierai d’atteindre un possible poste de ravitaillement selon le niveau d’eau qu’il me reste. Au milieu de quartiers plus urbains, je rechercherai les étendues vertes sur la carte, indices de parcs publics ou de terrains vagues.

Au bord d’un lac presque déserté, en Turquie.

Que faire avec son vélo

Sauf pour de très rares exceptions où je campe très près de résidences ou même dans une ville, et où je vais coucher le vélo en partie sous mon toit de tente, je laisse toujours mon vélo debout près de ma tente. Je ne sais pas si c’est fondé mais j’ai l’impression qu’il rouille moins de cette façon que s’il est couché sur le sol humide, accoté sur les poignées et pédales. Je me sers de son cadre ou des ses poignées pour faire sécher ma serviette ou mon linge à vaisselle.

Je laisse au moins la moitié de mon équipement à l’intérieur de mes sacoches sur le vélo. Je rentre dans ma tente mon électronique, qui vaut le plus cher, et ce dont j’ai besoin pour la nuit. Le reste de mes vêtements, mes trousses de réparations et de santé, et ma nourriture et plats de cuisine demeurent à l’extérieur. Dans tous les cas, il est préférable de ne pas laisser de nourriture dans la tente afin d’éviter d’attirer l’intérêt des animaux.

Je n’ai jamais eu aucun problème et n’ai qu’extrêmement rarement entendu d’histoires de tentatives de vol chez d’autres cyclistes. En fait, je suis davantage inquiet de me faire voler des trucs dans une auberge que dans un champ ou un forêt.

En bordure d’immeubles résidentiels, en Turquie.

Entre la route et la falaise sur un sol pierreux de Bolivie.

Pendant longtemps, je laissais mon vélo à l’extérieur de ma tente sans même le verrouiller. En Asie centrale, un Français avec qui j’ai voyagé quelques semaines verrouillait systématiquement le sien même si personne d’autre ne se trouvait à des kilomètres. « Je transporte un cadenas, m’a-t-il dit, alors aussi bien l’utiliser ! » J’ai depuis pris son conseil et verrouille toujours mon vélo la nuit même si je crois être seul.


Si vous avez d’autres questions sur le camping ou tout autre sujet, n’hésitez pas à m’écrire !